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5 Février 2024 – Au Burkina Faso, une solution digitale émerge pour libérer la parole des survivantes de l'excision. La plateforme "Vivre Avec l’Excision", réalisée en partenariat avec le Réseau africain des jeunes et adolescent-e-s en population et développement (AfriYan), se positionne comme un vecteur de changement, offrant un espace dédié à la guérison, à la sensibilisation et à la lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF).

 

"Vivre Avec l’Excision" est née d'un objectif clair : rapprocher les survivantes des services de santé, leur fournir des informations fiables et créer un espace d'expression. Ces femmes, en partageant leurs expériences, contribuent activement à la sensibilisation et à la promotion de l’élimination de l'excision au Burkina Faso. Cet espace, synonyme d'espoir et de changement pour les survivantes, vise à libérer leur parole et à sensibiliser sur les conséquences dévastatrices de l'excision. Grâce à des partenariats stratégiques, un soutien crucial du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et une mise en œuvre attentive, la plateforme aspire à générer un changement positif dans la vie des survivantes.

 

Selon l’un des initiateurs de la plateforme, Roukiatou Segdo, journaliste de formation et survivante des MGFs, le soutien de l’UNFPA a été déterminant dans la mise en œuvre de cette plateforme. « L’engagement de l'UNFPA a été essentiel dans le développement de cette initiative. Son appui technique et financier a permis de concrétiser la plateforme, de la phase d'idéation au lancement réussi en octobre 2023 ». Grâce à l'incubation par Burkina Business Innovator, la plateforme a bénéficié d'une expertise approfondie, renforçant son impact et sa portée. L'UNFPA a joué un rôle crucial dans la sensibilisation, contribuant ainsi à la réalisation des objectifs de la plateforme .

 


Roukiatou Segdo tire son engagement de son vécu de survivante de l'excision

 

La collaboration avec des partenaires locaux, tels que le ministère en charge du genre et de la famille, "Voix de Femmes", la clinique Ateguina, et le Global Youth Consortium section Burkina Faso, a renforcé l'efficacité de la plateforme. En travaillant main dans la main avec ces partenaires, nous nous assurons que les survivantes sont dirigées vers les services nécessaires pour la réparation des séquelles et l’appui conseil élargissant ainsi son impact sur le terrain.

 

Actuellement, en phase d’implémentation, la plateforme reste à l'écoute des utilisateurs pour s'améliorer continuellement. « Les besoins identifiés des survivante, tels que l'importance de l'écoute, l'accès à des informations fiables et un soutien psychologique, sont au cœur de la réponse de la plateforme. Elle vise à toucher un large public, avec l'objectif ambitieux d'avoir au moins 1000 visiteurs par semaine, encourageant ainsi une participation active dans la lutte contre l'excision »  a expliqué Roukiatou Segdo.

 

Les retours des utilisatrices sont positifs, avec un nombre croissant de jeunes prêtes à témoigner à visage découvert et à s'engager activement dans la sensibilisation sur le terrain. La plateforme "Vivre Avec l’Excision" aspire à toucher encore plus de personnes au Burkina Faso pour un changement durable. Elle se positionne comme un catalyseur du changement, offrant un espace essentiel pour la guérison, la sensibilisation et la promotion de l’élimination  de l'excision.

 


Sur internet comme sur le terrain, "vivre avec l'excision" sensibilise les populations et donne la parole aux survivantes

 

Le Burkina Faso fait partie des 29 pays africains où les femmes et les filles subissent encore l’excision. D’énormes efforts ont été engagés par le Gouvernement et ses partenaires comme le Fonds des Nations Unies (UNFPA) pour la population au Burkina Faso pour éliminer la pratique de l’excision au Burkina Faso. Cela a permis d’engrangés des acquis considérables. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) IV de 2010 et l’Enquête Multisectorielle Continue (EMC) de 2015, la prévalence de l’excision est passé de 75,8% à 67,6% pour les femmes de 15 à 49 ans et de 13,3% à 11,3% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. Cette tendance à la baisse est confirmée par l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) V de 2021 publiée en 2023 qui donne une prévalence de 56 % en 2021 pour les femmes de 15 à 49 ans et 9% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. La pratique reste traditionnelle puisque 92% des femmes de 15-49 ans et 97 % des filles de 0-14 ont été excisées par une exciseuse traditionnelle.