Vous êtes ici

L’étude de base du projet « Renforcement des droits et de la santé sexuels et reproductifs, y compris la contraception / planification familiale et la violence basée sur le genre, des femmes et des jeunes (filles et garçons) dans le contexte de la COVID-19 au Burkina Faso » vise à assurer l’efficience et l’efficacité de la mise en œuvre du projet sur la base des changements opérés à travers les produits, effets des interventions en faveur des femmes et des jeunes et permettra de circonscrire la situation de référence afin de mieux apprécier les changements et faciliter l’analyse des progrès induits à la fin du projet.

De façon synthétique, les résultats obtenus sont les suivants :

Perceptions des populations sur la fécondité et les violences basées sur le genre

Dans l’ensemble, 54,0% des personnes enquêtées pensent que le nombre d’enfants par femme dans leur localité est élevé. Ils sont tout de même 78,5% à reconnaitre que cette tendance est à la baisse. Dans leur majorité (53,8%), les personnes enquêtées pensent qu’une femme ne peut pas décider d’espacer ou de limiter le nombre d’enfants qu’elle souhaite avoir. Concernant le nombre idéal d’enfants qu’une femme peut avoir, l’écrasante majorité des enquêtées, quel que soit le sexe ou la classe d’âge, est en faveur de 3 enfants et plus (97,9%). Des enquêtés sont en faveur de la vulgarisation des méthodes contraceptives afin de maîtriser le nombre d’enfants dans un couple et les femmes ont souhaité que des mécanismes soient trouvés pour obtenir l’adhésion de leur mari et des hommes en général aux méthodes contraceptives. S’agissant des VBG, les populations enquêtées ont une mauvaise perception de la violence basée sur le genre quel que soit le groupe d’âge. Cependant, malgré cette perception négative, les VBG persistent au sein des communautés. Parmi les formes de violences les plus mentionnées, on note l’agression physique, le mariage forcé, l’agression sexuelle et les violences psychologiques.

Au niveau de la prévention et du règlement de ces violences quand elles surviennent, il faut souligner que les mesures administratives coexistent avec les mesures communautaires et socioculturelles. Ces violences, faut-il le souligner, engendrent des conséquences néfastes au sein des communautés aussi bien pour les personnes survivantes que pour les enfants quand cela se déroule au sein d’un couple.

Connaissances des hommes, des femmes et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, de la planification familiale et de la COVID-19

Les connaissances des personnes enquêtées en matière de santé sexuelle et reproductive sont globalement satisfaisantes pour ce qui est de la période d’apparition des premières règles. Seulement, 48,1% des filles de 10-14 ans et 32,0% des garçons du même âge disent que les premières règles chez la fille apparaissent entre 20-25 ans. Seules 10,4% des personnes enquêtées connaissent le risque qu’une fille peut tomber enceinte sans avoir vu ses premières règles alors qu’elle est dans la tranche d’âge d’apparition probable de ses premières règles. Quant à la transmission sexuelle du VIH/SIDA, le niveau de connaissance est de 89,9% et est satisfaisant. Parmi les personnes enquêtées, 54,1% ignorent que le VIH/SIDA peut se transmettre de la mère à l’enfant. A la question de savoir si on guérit du VIH/SIDA, 29,1% des personnes enquêtées disent qu’on guérit du VIH/SIDA. Des personnes enquêtées, 70,6% reconnaissent l’infection par la miction douloureuse et 47,9% par l’ulcération génitale. Les connaissances des personnes enquêtées sur les méthodes contraceptives sont satisfaisantes (81,5%) de manière globale au niveau de régions sanitaires cibles de l’enquête. Les méthodes modernes c’est-à-dire le condom masculin (63,6%), les pilules (54,9%), les implants (49,2%), les injectables (44,2%), le condom féminin (27,6%) et le dispositif intra utérin (11,9%) sont les plus citées. Les connaissances des personnes de 10-14 ans sont moindres pour presque toutes méthodes contraceptives mais atteignent 38% pour le condom masculin et 18% pour les pilules. Le dispositif intra utérin est connu à 11,9%. Les méthodes chirurgicales (ligature des trompes à 2,1% et vasectomie à 1,0%) sont moins connues. Les femmes de plus de 25 ans (64,1%) et les hommes de plus de 25 ans (54,7%) disent que les contraceptifs ne sont réservés qu’aux couples mariés. Les connaissances sur la symptomatologie de la maladie à COVID-19 sont jugées globalement satisfaisantes. Toutes les personnes enquêtées (100%) ont déjà entendu parler pour au moins une fois de la maladie à corona virus. Néanmoins quelques personnes enquêtées nient l’existence de la maladie à coronavirus en disant que c’est « une maladie de blanc ».

Attitudes des hommes, des femmes et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, de la planification familiale et de la COVID-19

Le droit de décision ou de limitation des naissances par la femme n’est reconnu que par 53,8% des personnes enquêtées. Les personnes enquêtées qui ont accordé le droit à la femme de décider d’espacer ou de limiter les naissances ont évoqué les raisons professionnelles (86,1%), le droit de la femme (65,3%) et les conditions économiques non favorables pour justifier leur position. Sur les questions de SSR, 82,9% des personnes enquêtées disent qu’ils auront pour recours le dispensaire/hôpital pour la demande de soins en cas d’infection sexuellement transmissible et 13,7% se rendront chez le tradipraticien de santé. Les filles et garçons de 10-14 ans respectivement à 25,3% et à 54,7%, et les garçons de 15-19 ans à 46,8% disent qu’ils n’auront pas recours au centre de santé pour les soins en cas d’IST. Face au refus du partenaire d’utiliser un préservatif, 87,1% personnes enquêtées refuseraient d’avoir des rapports sexuels non protégés contre 12,9% qui accepteraient de le faire sans protection. Les personnes enquêtées et surtout à partir de 15 ans (74,8%) ont une attitude favorable à l’utilisation des méthodes contraceptives pour éviter ou retarder la survenue d’une grossesse. L’interdiction religieuse et les conseils non favorables des parents occupent une part importante surtout chez les jeunes de 10-24 ans pour la non utilisation des méthodes contraceptives. Chez les femmes de 25 ans et plus, l’interdiction du mari occupe 90% contre 50% chez les filles de 20-24 ans. Quel que soit le groupe d’âge, 36% des personnes enquêtées utiliseraient une méthode contraceptive moderne pour éviter une grossesse et 56% qui disent qu’elles ne feraient rien malgré qu’elles pourraient courir le risque d’avoir des grossesses non désirées et tout ce qui pourraient s’en suivre. Les personnes enquêtées n’ont pas toujours un comportement favorable à recourir à une structure d’offre de soins modernes si la maladie à corona virus est suspectée. L’automédication (66,7%) et les techniques d’isolement en cas de suspicion prennent le dessus et pourraient trouver son origine dans une mauvaise ou sous information mais aussi dans la perception qu’a eue la population de la gestion suspicieuse des premiers cas de personnes atteintes ou décédées de la maladie à coronavirus. Les centres de santé qui dans les normes devraient accueillir plus tôt les patients et contribuer à un diagnostic précoce de la maladie ne constituent un recours que pour 21,1% ou 31,9% des personnes enquêtées selon que ce soient ces personnes elles-mêmes qui présentent les signes ou leur voisin.

Pratiques des hommes, des femmes et des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive, de la planification familiale et de la COVID-19

L’activité sexuelle est pratiquée par 55,6% des personnes enquêtées qui ont déjà eu un rapport sexuel. Les filles (25,3%) et garçons (20,0%) de 10-14 ans sont concernés. La proportion de filles de 10-19 ans ayant déjà eu un rapport sexuel est de 86,2% et est supérieur à celle des garçons du même âge (46,8%). L’âge au premier rapport sexuel se situe entre 10-14 ans pour 24,6% des personnes enquêtées et 66,1% des personnes ont eu le premier rapport sexuel entre 15-19 ans soit 90,7% de personnes avant l’âge de 20 ans. Les préservatifs surtout masculins sont souvent utilisés par 58,6% des personnes enquêtées et 8,2% ne les utilisent jamais. Parmi les personnes enquêtées, 50,7% ont déjà eu une infection sexuellement transmissible et les filles et garçons de 10-14 ans l’ont eu dans 60,0% à 66,7%. Le recours au traitement médical en cas d’infections sexuellement transmissibles se fait par 62,7% des personnes enquêtées. Le traitement traditionnel (12,0%) et l’automédication (25,4%) sont des recours de soins et pour lesquels les personnes enquêtées n’ont pas toujours satisfaction à cause de retard de guérison et de certaines récidives. Les femmes de plus de 25 ans (44,4%) font plus recours au traitement traditionnel que les autres groupes d’âge et ce sont elles qui font moins de l’automédication. Au moment de la collecte des données, 36,0% des personnes enquêtées utilisaient une méthode contraceptive. L’utilisation des méthodes contraceptives est constatée à partir de 15 ans et plus. Les personnes enquêtées ont des pratiques satisfaisantes pour se prévenir de la maladie à corona virus. Le port du cache nez, le fait de ne pas se serrer les mains, le respect de la distanciation entre les personnes, l’évitement des regroupements et les lieux publics et l’usage du gel ou le - 14 - lavage des mains sont les techniques les plus utilisées pour éviter la COVID-19. L’utilisation de tisanes même si elle n’est pas enseignée est tout de même pratiquée par 44,6% des personnes enquêtées.

La question des barrières socioculturelles

Plusieurs barrières socioculturelles réduisent l’accès des femmes et des jeunes, aux services de SSR. Ces barrières sont d’ordre socioculturel, individuel, coutumier, religieux et même institutionnel. Il faut dire que la réticence même à discuter de la sexualité est un réel frein à l’éducation sexuelle des jeunes. Les interdits religieux, les rites coutumiers et les normes communément admises sont autant de barrières. S’agissant de la PF, ce sont les mêmes types de barrières avec des accents plus prononcés. Ainsi, les jeunes qui sollicitent les services PF sont soupçonnés d’être sexuellement actifs, les femmes sont soupçonnées d’avoir des amants en cachette, et l’accusation de prostituée, de filles rebelles sont autant de contraintes qui freinent les femmes et jeunes d’utiliser ces services. Plus de quinze barrières socioculturelles identifiées sont autant de freins qui réduisent l’accès des femmes et jeunes aux services SSR et PF. Il faut aussi dire que la survenue de la COVID-19 constitue un effet ralentisseur à l’accès aux services SSR et PF. Quand on considère l’accès aux services de VBG, le jugement de la société, les risques de répudiation des jeunes ou des femmes de leur famille/ couple, l’intimidation ou encore les pressions psychologiques des parents sont autant de barrières socioculturelles relevées et qui réduisent l’accès des femmes et des jeunes à ces services. Au regard de ces résultats, des recommandations ci-après sont formulées à l’endroit de l’UNPFA et des différents partenaires de mise en œuvre du projet.