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Fin 2019, plus de 8 300 personnes venant de 172 pays et territoires se sont réunies à l’occasion du Sommet de Nairobi sur la CIPD25. Ensemble, les participants ont célébré le vingt-cinquième anniversaire du Programme d’action historique adopté lors de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) de 1994 au Caire. Les participants, issus des gouvernements, de la société civile, des entreprises et autres, ont présenté plus de 1 300 engagements pour l’action. Ces derniers ont été largement soutenus dans la Déclaration de Nairobi, qui énonce 12 engagements fondamentaux au niveau mondial pour atteindre les objectifs de la CIPD pour toutes et pour tous, partout dans le monde.

La Commission de haut niveau sur le suivi du Sommet de Nairobi sur la CIPD25 a été créée pour prodiguer des conseils et favoriser un suivi constructif des engagements. Chaque année, elle soumettra un rapport public sur les progrès et les lacunes au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA). Le présent rapport est le premier de la Commission. Il souligne que des progrès ont été réalisés sur certains engagements de Nairobi, même dans le contexte des retombées catastrophiques de la pandémie de COVID-19 au cours des deux dernières années. Mais dans l’ensemble, les gouvernements et la communauté internationale ont failli à leurs engagements. L’échec moral et politique s’est manifesté par l’érosion des services, la perte de financement et l’affaiblissement de la responsabilité politique dans le domaine de la santé et des droits sexuels et reproductifs.

La Commission précise que, si la réalisation des droits en matière de sexualité et de procréation reste partielle, les individus n’obtiendront pas l’autonomie nécessaire pour prendre des décisions concernant leur corps et leur avenir, ce qui, à son tour, entravera le développement des sociétés dans leur ensemble. Face à l’évidence persistante de la privation des droits, la Commission appelle à un programme mondial pour la justice en matière de sexualité et de procréation, ce qui exige de surmonter délibérément tous les obstacles à la réalisation des droits et de l’autonomie corporelle. La Commission souligne que pour y parvenir, il faut mettre en place des interventions spécifiques, adaptées et prioritaires auprès des individus et des groupes confrontés à des formes multiples et croisées de discrimination. Les inégalités criantes du monde actuel soulignent la nécessité urgente d’une justice en matière de sexualité et de procréation et de l’accélération de la concrétisation des engagements de Nairobi.

La Commission constate que les formes d’injustice compromettent la résilience humaine et le bien‑être de chacun et que la pandémie de COVID-19 a exacerbé les disparités basées sur le genre, l’origine ethnique, l’âge, le handicap et d’autres facteurs. La réaffectation des services et des fonds destinés à l’aide humanitaire est très préoccupante, car elle réduit les ressources déjà insuffisantes en ce qui concerne l’égalité des genres et la santé et les droits sexuels et reproductifs. La Commission considère également que la pandémie de COVID-19 a dévoilé les conséquences de l’incapacité à renforcer les systèmes de santé, à les rendre résilients et universellement accessibles, et à traiter la santé et les droits sexuels et reproductifs comme des éléments essentiels, conformément aux engagements pris à Nairobi. Parallèlement, la pandémie a également fait naître de nouvelles pratiques de soins susceptibles d’en améliorer la qualité et l’accès. Une nouvelle ère de programmes de santé sexuelle et reproductive Résumé analytique 8 AUCUNE EXCEPTION, AUCUNE EXCLUSION devrait reposer sur les besoins et les souhaits exprimés par des groupes de population distincts, dans le cadre du respect des droits et de la justice pour tous. Le redressement complet post-pandémie dépend du financement national et international qui permettra aux systèmes de santé de progresser vers la couverture sanitaire universelle, conformément aux engagements de Nairobi.

La Commission constate avec inquiétude que, bien que les pays se soient récemment engagés à étendre la portée des services de soins de santé essentiels, aucun changement substantiel n’est perceptible dans l’affectation de fonds supplémentaires. Alors que certains donateurs internationaux ont décidé de réduire de manière drastique et injustifiable leurs contributions, la Commission met fortement en garde contre de tels revirements et demande des garanties contre des choix reposant sur des intentions discriminatoires à l’égard des femmes. Par-dessus tout, la Commission tient à souligner que le monde a impérativement besoin d’une justice en matière de sexualité et de procréation. Elle approuve les mouvements populaires revendiquant la justice et les droits fondamentaux et estime qu’ils doivent être encouragés et soutenus en tant que moteurs de l’action et de la responsabilité. Il est essentiel d’agir de la sorte surtout en cette période où les réactions d’hostilité émanant d’idéologies rétrogrades se poursuivent, voire s’intensifient. La Commission se réjouit des pays qui mobilisent la volonté politique et établissent des mécanismes nationaux pour faire avancer les engagements de Nairobi.