Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) apporte son appui à la réalisation d’une campagne de prise en charge des séquelles des mutilations génitales féminines au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de Bogodogo, à Ouagadougou. Initiée dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, cette campagne vise à réduire l'impact dévastateur de cette pratique sur la vie des survivantes.
La campagne de réparation des séquelles de l’excision a pour objectif de redonner espoir et dignité aux femmes. Selon le Pr Charlemagne Ouedraogo, Gynécologue Obstétricien, la chirurgie réparatrice contribue à la réhabilitation physique et psychologique des femmes et des filles ayant subi des mutilations génitales. « La chirurgie réparatrice permet de retirer toutes les séquelles des mutilations nuisibles à sa santé », a-t-il déclaré. Durant deux semaines, le CHU de Bogodogo s'est engagé à offrir des interventions chirurgicales réparatrices à 250 femmes, leur permettant ainsi de retrouver une vie plus saine et épanouie.
Assétou souffre de ces séquelles depuis plusieurs années. Pour elle, cette campagne est une opportunité d’être soulagée de ses blessures physiques et psychologiques. « J’éprouvais une grande détresse psychologique, une perte de confiance en moi-même et je ne me sentais pas femme », a-t-elle déclaré. Avec cette chirurgie réparatrice, c’est une nouvelle vie qui commence pour elle notamment une vie sexuelle épanouie avec son époux.
Selon Fatmatou, les mutilations génitales sont, le plus souvent, imposée aux enfants par leurs parents. Mais à présent, les jeunes doivent agir afin de mettre fin à cette pratique. « Nos parents nous ont causé du tort et ont enlevé une partie de notre être. Nous n'avions pas la capacité de leur dire non, compte tenu du contexte dans lequel nous avons grandi. Il est maintenant de notre responsabilité, en tant que jeunes, de lutter contre ces pratiques néfastes », a-t-elle déclaré.
En plus de la réparation des séquelles, l’UNFPA accompagne la formation des médecins en spécialisation de gynécologie obstétrique à la prise en charge des complications et séquelles liées aux mutilations génitales féminines (MGF). « 21 futurs gynécologues sont formés à cette technique pour offrir le service là où ils exerceront à l’issue de leur formation. Un Diplôme Interuniversitaire a été mis en place permettant aux attachés de santé, infirmiers et gynécologues de s'inscrire et d'acquérir de nouvelles compétences », a expliqué le Pr Charlemagne Ouédraogo. L'objectif visé est de renforcer les compétences du personnel de santé afin que chacun puisse fournir ce service même dans les zones les plus éloignées du Burkina Faso.
D’énormes efforts ont été engagés par le Gouvernement et ses partenaires comme le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) pour éliminer la pratique de l’excision au Burkina Faso. Cela a permis d’engranger des acquis considérables. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) IV de 2010 et l’Enquête Multisectorielle Continue (EMC) de 2015, la prévalence de l’excision est passée de 75,8% à 67,6% pour les femmes de 15 à 49 ans et de 13,3% à 11,3% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. Cette tendance à la baisse est confirmée par l’Enquête Démographique et de Santé (EDS-V) de 2021 publiée en 2023 qui donne une prévalence de 56 % en 2021 pour les femmes de 15 à 49 ans et 9% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. La pratique reste traditionnelle puisque 92% des femmes de 15-49 ans et 97 % des filles de 0-14 ont été excisées par une exciseuse traditionnelle.