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Etude sur les fistules obstétricales

Etude sur les fistules obstétricales

Éditeur

Nombre de pages

22

Author

UNFPA

Publication

Etude sur les fistules obstétricales

Date de publication

01 Janvier 2013

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Malgré les énormes progrès réalisés en matière de santé en Afrique Subsaharienne, les indicateurs de santé maternelle demeurent très mauvais. Le Burkina Faso ne fait pas exception à la règle : les taux de mortalité maternelle (484 décès maternels pour 100.000 naissances vivantes) et infantile (105‰)  sont parmi les plus élevés au monde (INSD, 2000).

Au-delà de cette mortalité maternelle, on note une morbidité particulièrement importante. Au nombre des plus graves incapacités liées à la grossesse figurent les fistules obstétricales. Selon les statistiques de l'OMS, sur 1000 femmes décédées des suites d'un accouchement dans les pays en développement, 10 succombent à une fistule obstétricale.

La fistule obstétricale consiste en une communication anormale entre la vessie et le vagin et/ou entre le rectum et le vagin. Il en existe ainsi trois principaux types, à savoir les fistules vésico-vaginales, les fistules recto vaginales et les fistules vésico-recto-vaginales. La plus couramment rencontrée, à savoir la première, consiste en une brèche sur la paroi postéro inférieure de la vessie et parfois de l'urètre, par laquelle les urines s'écoulent en permanence vers le vagin, sans possibilité de contrôle.

La fistule obstétricale est une lésion qui survient après un travail d'accouchement difficile, prolongé et en dehors de toute assistance médicale. Conséquence le plus souvent d'un travail dystocique lié à une mauvaise prise en charge de l'accouchement.

La fistule obstétricale s'observe dans la majorité des cas chez les femmes jeunes, en âge de procréer, et essentiellement chez des primipares. On retiendra cependant deux faits importants :

 

  • La fistule constitue un problème de sous-développement. Elle a disparue dans les pays du nord. Elle est due essentiellement àl'insuffisance des structures sanitaires pour prendre en charge les consultations prénatales, et à l'inaccessibilité géographique et financière pour les populations[1]. De façon générale, le parcours de la femme avant la survenue de la fistule est marqué par un énorme retard dans l'accès à une structure offrant des soins obstétricaux essentiels. Ce retard est dû aux pesanteurs sociales de toutes sortes et aux grandes distances à parcourir pour accéder aux structures de soins qualifiés. Selon les résultats d'une étude menée à Kati[2] 85,3% des femmes fistuleuses concernées par cette recherche ont accouché en dehors d'un centre de santé.

 

  • Fistule, mariage précoce et accouchement sont là les caractéristiques des pays africains où on rencontre de nombreuses femmes fistuleuses. Dans ces pays, ce sont donc des adolescentes qui se retrouvent précocement mariées et qui accouchent alors qu'elles ne sont âgées que de 15 à 19 ans (plus de 14 millions d'adolescentes dans les pays en développement en 2003 selon Toubon [2004]). En effet, la tranche d'âge la plus atteinte est celle des adolescentes, ménagères, vivant principalement en zone rurale. Parmi les causes favorisantes, il y a des facteurs ethniques, liés à la morphologie (femmes de petite taille au bassin étroit) ou à la culture (excision et cicatrices vulvaires rétractiles)[3].

 

La prise de conscience des fistules obstétricales comme un problème de santé publique est très récente. La lutte contre cette maladie a connu un tournant décisif grâce à la campagne mondiale « en finir avec les fistules » lancée par l'UNFPA en direction de neuf pays d'Afrique subsaharienne[4].

Les pays identifiés comme ayant une prévalence élevée des fistules sont entre autres le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

Au Burkina Faso comme dans la plupart des autres pays concernés, les seules informations disponibles sur l'ampleur des fistules obstétricales restent limitées aux cas reçus dans les formations sanitaires. Une récente étude sur l'analyse de la prise en charge des fistules au niveau des services de référence du Burkina Faso[5], indique que des cas de fistules ont été reçus pour la période 2000-2003 dans l'ensemble de ces CMA, CHR et CHU de l'étude L'importance des fistules dans les activités des hôpitaux du Burkina Faso se situe entre 5 à 17 fistules pour 1000 consultations en chirurgie. Selon l'annuaire statistique 2002 du ministère de la santé (DEP/SANTE, 2003), l'incidence des fistules obstétricales au niveau des consultations externes est estimée à 6p. 10000 pour l'ensemble des formations sanitaires du pays.

Si ces chiffres permettent d'apprécier l'incidence de la maladie en milieu médical, ils ne représentent d'une infime partie des cas existant au niveau national. En effet, les fistules obstétricales étant une maladie de l'ombre du fait de ses manifestations, la majorité des femmes qui en sont victimes n'ont jamais recours à une formation sanitaire. L'ampleur du mal serait donc beaucoup plus importante que ces chiffres ne le laissent supposer.

A l'instar des autres pays d'Afrique Subsaharienne, le Burkina Faso a engagé avec l'appui de l'UNFPA la mise en place d'un projet de prévention et de cure des fistules obstétricales.

La présente étude s'inscrit dans le cadre d'une série d'activités préparatoires à la mise en oeuvre du projet et vise à rechercher les manifestations socio anthropologiques qui peuvent favoriser la survenue des fistules obstétricales ou leur être associées dans la zone d'intervention du projet de lutte contre les fistules obstétricales au Burkina Faso.

De façon spécifique, il s'agit de :

  1. Mesurer les connaissances et les attitudes des populations de la zone d'intervention du projet face aux fistules obstétricales ;
  2. Décrire les représentations sociales des fistules obstétricales dans la zone d'intervention du projet ;
  3. Identifier au sein de la communauté de la zone d'intervention du projet, les facteurs favorables à la survenue des fistules obstétricales ;
  4. Déterminer les conditions des contributions éventuelles des communautés à la lutte contre les fistules obstétricales.

 


[1] QI LI YA, OUATTARA Z et OUATTARA K. 2000Traitement des fistules vésico-vaginales à l'hôpital de Kati. à propos de 34 cas. In médecine d'Afrique Noire, 47 (3).

[2] opcit

[3] LECLERC DU SABLON M.. 1990Les vistules vésico-vaginales. In Développement et santé n°86, avril 1990, 6p.

[4] Les pays identifiés comme ayant une prévalence élevée des fistules sont entre autres le Mali, le Burkina Faso et le Niger.

[5] DSF2004Analyse de la prise en charge des fistules au niveau des services de référence du Burkina entre 2001 et 2003.

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