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JOURNEE MONDIALE DES REFUGIES : Interview avec Djouma DAOUDA sur la situation des réfugiés au Burkina Faso

JOURNEE MONDIALE DES REFUGIES : Interview avec Djouma DAOUDA sur la situation des réfugiés au Burkina Faso

Actualités

JOURNEE MONDIALE DES REFUGIES : Interview avec Djouma DAOUDA sur la situation des réfugiés au Burkina Faso

calendar_today 14 Juillet 2014

Dans le cadre de la célébration de la journée mondiale des réfugiés, une interview a été accordée à l'Unité de communication de l'UNFPA par Daouda Djouma. Assistant de programme chargé des actions humanitaires de l'UNFPA, il nous décrit ici les actions de l'organisation en matière de prise en charge des réfugiés au Burkina Faso.

Quel est le rôle de l'UNFPA en matière de prise en charge des réfugiés ?

Le rôle de l'UNFPA dans la prise en charge des réfugiés est d'offrir des services de santé sexuelle à toutes les femmes, à toutes les jeunes filles et à tous les hommes en situation de détresse ; et de lutter contre les violences basées sur le genre et de prendre en charge les éventuels victimes de ces violences classées en 9 types. Au-delà de cela il y a aussi les questions de données, d'informations pour permettre de prendre en charge et de donner une vue d'ensemble à tous les partenaires. En effet, l'UNFPA travaille à ce qu'il y ait des outils de collecte d'information en amont et en aval pour permettre la production de rapport et les interventions basées sur l'évidence. Et enfin l'UNFPA est leader en matière de coordination des interventions sur les questions de santé de la reproduction et de violences basées sur le genre.

Pouvez-vous nous expliquer la pertinence du rôle de l'UNFPA alors que très souvent les questions de sécurité alimentaire, de logements et de soins sont mises en avant en situation humanitaire?

Cette question est recurrente à notre endroit dès qu'il s'agit de répondre à des situations de crise humanitaire. Mais Prenons l'exemple qu'il advienne qu'en situation de crise humanitaire il n'y ait plus de service de santé de la reproduction : la  grossesse d'une femme à terme n'attendra pas. Bien au contraire cela peut accélérer le travail chez la femme et nécessiter une prise en charge urgente et c'est à ce moment que notre intervention est pertinente. Ou bien faudrait-il attendre la reconstruction avant d'aider cette femme en travail? Non ! Et par ailleurs c'est en situation de crise humanitaire  que pratiquement 30% des filles réfugiées soit 1/3 se feront violer pendant le trajet entre leur zone d'origine et le camp ou pays d'accueil et vont être victime d'IST ou de grossesses non désirées. En outre l'ensemble des jeunes gens (filles comme garçons) sont victimes de violences basées sur le genre. Dans un tel contexte  il faut donc une institution  qui a les compétences requises,  les ressources humaines nécessaires pour faire ce travail et ça c'est l'UNFPA.  Il n'est pas question pour nous qu'une femme enceinte meurt parce qu'il n'y a pas de service de santé et c'est pour cela que nous fournissons des kits pour qu'en toute situation de crise la femme puisse accoucher normalement. En Philippines  lorsqu'il y a  eu la catastrophe, les interventions de l'UNFPA ont permis de sauver des vies avec plus de 2000 accouchements réalisés et il y avait au moins 200 000 femmes enceintes qu'il fallait suivre.

 

Quelle est la situation des réfugiés Malien (Nord Mali) au Burkina?

Actuellement au Burkina Faso, nous sommes à près de 34 000 réfugiés (chiffre de planification)  répartis dans 4 camps : trois camps et un site à Bobo. A Bobo, ils ne sont pas dans un camp, ils sont dans des maisons qu'ils ont loué eux même. A Ouagadougou, ils sont à Pabré et là ils comptent environ 1 500. A Djibo dans la région du Sahel, il y a des réfugiés sur le camp de Mentao où ils sont à peu près 16 000 et à Goudebou,  10 000. En plus de cela, il y a ceux qui vivent hors des camps dans des zones spontanées et qui ne veulent pas s'éloigner de la frontière. Ces derniers sont dans la zone de Gorom Gorom ; vers Fada et environs ; ils comptent pour 25% des réfugiés.

 

Quelles sont les actions menées par l'UNFPA pour répondre aux besoins des réfugiés au Burkina?

Les actions que l'UNFPA mène pour répondre aux besoins  de ces réfugiés, sont essentiellement  l'offre de service de santé de la reproduction à travers la mise  à disposition de kits de santé reproductive. Ces kits contiennent à la fois des produits  pour assurer les accouchements à travers les formations sanitaires et pour permettre aux femmes d'être en situation de contraception si elles le veulent. Il y a donc des produits contraceptifs mais aussi des matériels pour renforcer les formations sanitaires afin  d'assurer une meilleure prise en charge des femmes. En plus de cela  il y a la mise à disposition des kits de dignité. C'est un ensemble de matériels constitués de seau, de coton hygiénique pour les femmes, de sandalette, de pagne, de collant et du savon pour leur permettre, en situation d'urgence, de garder leur dignité. En outre  nous assurons la formation des agents de santé, des différents acteurs de terrain, notamment sur le dispositif minimum d'urgence en santé sexuelle et reproductive. Le dispositif minimum d'urgence est un ensemble de modules développés par l'UNFPA

et ses partenaires pour montrer comment il faut intervenir en situation humanitaire pour que des vies soient sauvées.

2) Les réfugiés maliens du camp de Mentao à DjiboParlant de la question spécifique des violences faites aux femmes et aux filles. Que faites-vous exactement?

Dans notre contexte on parle plutôt de violences basées sur le genre car les jeunes garçons peuvent être également victimes de violence. Nous avons développé un manuel avec nos partenaires tels que le HCR et l'UNICEF et les autres partenaires que sont le gouvernement et la société civile. Dans ce manuel il est développé l'ensemble des procédures opérationnelles standard sur comment prendre en charge un cas de violences basées sur le genre, comment les prévenir et quelles sont les activités que chaque organisation doit mener. Nous avons développé ce manuel d'abord pour la région du sahel et après pour la région des hauts bassins et enfin pour la région du centre. Nous avons développé deux types de manuels de procédures opérationnelles standard parce que les acteurs diffèrent d'une zone à une autre. Ceux qui sont à Ouaga et à Bobo sont plus des urbains et n'ont pas forcément les mêmes types d'information, les mêmes types de problème. Et ceux qui sont dans la zone du sahel sont beaucoup plus ruraux. De même, en matière de violence basée sur le genre nous avons un partenaire sur le terrain « Développement paix et secours sans frontière », qui reçoit directement des fonds de l'UNFPA pour ses activités. De 2013 à aujourd'hui c'est à peu près 60 000 à 75 000 dollars que nous avons investi dans ces actions Mais actuellement avec l'appui du HCR, nous sommes passés à autour de 128 000 dollars afin de couvrir l'ensemble des sites.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez

Les difficultés sont plûtôt d'ordre programmatique. Il est surtout question de ressources parce que les ressources ne suffisent pas forcément pour la mise en œuvre de certaines activités. Le financement de l'humanitaire au Burkina Faso est beaucoup plus axé sur la nourriture, le logement et les gens oublient qu'il y a un ensemble d'autres problèmes. En général, quand on finit de manger, on pense à procréer et quand on procrée il faut prendre en charge la personne qui doit procréer. Cela sollicite donc d'impotantes ressources. Par ailleurs, près de 30% des réfugiés n'avaient pas accès et n'utilisaient pas les formations sanitaires avant de venir au Burkina Faso et ce n'est pas toujours évident de les convaincre d'utiliser les formations sanitaires. De même, la contraception n'est pas du tout utilisée. Nous sommes pratiquement à 7% pour une prévision de 15% pour la zone.

Quelles sont les perspectives?

L'UNFPA est dans une dynamique de renforcement de ses capacités d'actions dans les situations humanitaires. L'UNFPA veut renforcer ses interventions dans ce domaine. C'est pourquoi nous avons actuellement développé un plan de contingence qui permet de définir en avance les types de crise prévisible et d'utiliser les ressources que nous avons pour prévenir mais aussi pour être prêt en cas de besoin. Il y a aussi le plan d'action que nous avons développé sur les questions de violences basées sur le genre, sur les questions humanitaires dans son ensemble où l'UNFPA doit intervenir. Nous avons une vision claire de ce que nous voulons faire, de comment nous voulons les faire et au fur et à mesure nous mettons en place tout ce qui est possible au sein du bureau pour que l'UNFPA puisse être l'agence leader en matière de santé de la reproduction et de lutte contre les violences basées sur le genre en situation humanitaire.