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Du 13 au 24 avril 2015, s’est tenu à Ouagadougou un atelier régional de formation des formateurs sur le logiciel Channel adapté. Venus de 18 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, les participants ont acquis les connaissances nécessaires à l’introduction de la nouvelle version du logiciel Channel dans leurs pays pour le renforcement de leurs systèmes de gestion de produits santé de la reproduction (SR). Cet exercice va permettre d’améliorer la disponibilité des produits de SR en l’occurrence les contraceptifs, et partant l’accès des populations aux services de planification familiale.

«Un besoin en planification familiale peu couvert»

Si aujourd’hui l’accès à la contraception est un droit fondamental et universel des femmes et des hommes, nombreuses sont les femmes burkinabè qui n’arrivent pas à jouir de ce droit. Les raisons de ce état de fait sont nombreuses parmi lesquelles on peut relever la difficulté d’accéder aux méthodes de contraception. Si les femmes de la ville elles, sont peu confrontées à ce problème, ce n’est pas le cas pour celles qui résident en milieu rural.  Aujourd’hui, plus de 200 millions de femmes dans le monde n’ont pas accès à la contraception lorsqu’elles le souhaitent. Les besoins non couverts en planification familiale au Burkina Faso sont élevés (23.8%) surtout dans les zones rurales. Malgré les efforts consentis ces dernières années,  les ruptures de stocks demeurent fréquentes et la méthode qui leur réussit le mieux n’est pas toujours disponible, ce qui les empêche de choisir celle qui convient le mieux à leurs besoins.

«La nécessité de mettre à disposition toute la gamme de méthodes modernes de contraception»

Au Burkina Faso la prévalence contraceptive pour les méthodes modernes chez les femmes en union au Burkina Faso est passee de 15 à 22% de 2010 en 2014. Il y a eu au cours des deux dernières années environ 100 000 nouvelles utilisatrices des méthodes contraceptives modernes. Toujours chez les femmes en union, l’on note une très nette progression de l’utilisation des méthodes contraceptives à longue durée d’action (implants) qui passe de 3,4% en 2010 à 7,9% de nos jours. Les besoins non satisfaits en planification familiale des Burkinabè ont également évolué depuis 2010 où ils étaient évalués à 23%. Ces besoins non satisfaits ont été estimés à 35,7% en 2014 dont 30,4% pour les espacements des naissances et 5,3% pour la limitation des naissances. L’indice synthétique de fécondité est resté stable depuis 2010, avec toujours six enfants par femme.

Au regard de ces données issues de résultats de la première étape de l’étude Performance Monitoring and Accountability ou (PMA 2020), le besoin de contraceptifs chez les femmes en âge de procréer est donc un besoin réel que le Fonds des Nations Unies pour la Population s’engage à combler non seulement en fournissant les diverses méthodes de contraception mais surtout en travaillant de sorte que ces produits atteignent leurs cibles en évitant les manques et les ruptures de stock. Selon les explications du Dr Norbert Coulibaly, chargé de programme SR à UNFPA Burkina,«dans le cas spécifique du Burkina, le taux de rupture de stocks des contraceptifs dans les formations sanitaires était de 87,5% en 2011. En 2014, il est seulement de 12%. L’objectif visé est bien sûr 0% de rupture de stocks, en d’autres termes, la disponibilité permanente de toute la gamme de méthodes contraceptives dans tous les points de prestation de services de planification familiale afin de garantir aux clients de PF la méthode de leur choix. Il reste donc des efforts à faire dans ce domaine ». Or , faut-il  encore rappeler qu’assurer la disponibilité des produits de santé de la reproduction à tous les niveaux de la pyramide sanitaire est un impératif à l’accès universel à la santé de la reproduction (SR) et une nécessité pour l’atteinte des OMD 4, 5 et 6.

«Naissance de CHANNEL, outil de gestion pour pallier les ruptures de stocks des produits SR»

C’est dans ce contexte de manque à gagner en matière de disponibilité des produits contraceptifs que l’UNFPA a lancé une initiative pour la Sécurisation des Produits de la Santé de la Reproduction (SPSR) sur le plan mondial. Cette initiative s’est déclinée par la mise en place logiciel Country Commodity Manager (CCM) qui aide à la gestion logistique des produits de SR au niveau central dans les pays et constitue de ce fait un puissant moyen de plaidoyer pour les pays dans la sécurisation de leurs produits SR. Le succès de ce logiciel a encouragé la mise au point d’un autre logiciel, CHANNEL, tout aussi convivial que CCM et utilisable cette fois-ci à tous les niveaux du système de santé pour la gestion des produits et le renforcement du système d’information en gestion logistique (SIGL) dans les pays. Le logiciel CHANNEL qui a été introduit au Burkina en octobre 20019 avec la formation des formateurs. Avant cela, les produits étaient gérés manuellement au niveau des districts à l’exception de deux régions (le Centre-est et la Boucle du Mouhoun) qui utilisait un logiciel privé. D’autres utilisaient des fichiers Excel. C’est donc dire que le traitement de l’information en matière de gestion des médicaments et consommables y compris les produits de SR n’était pas du tout harmonisée, ni bien structurée. Ce qui rendait difficile l’obtention de rapports de gestion fiables et à temps pour une bonne planification des approvisionnements a expliqué le Dr Norbert Coulibaly de UNFPA Burkina.

L’introduction du logiciel CHANNEL a permis renforcer les plateaux techniques et les capacités des structures en gestion logistique des produits contraceptifs. Cependant, à l’épreuve de mise en œuvre, il est très vite apparu nécessaire de lui apporter un certain nombre de retouches afin de l’adapter au mieux aux besoins des pays tout en conservant ses qualités initiales de fiabilité, de simplicité, de robustesse et d’adaptabilité qui constituent ses avantages comparatifs par rapport aux autres logiciels disponibles. Cette adaptation a été effectuée par le  le Burkina Faso à la demandes de ses pairset a abouti à une nouvelle version du logiciel CHANNEL II  . conçu sur une plateforme web, exploitable aussi bien en monoposte qu’en réseau. Il peut donc s’adapter aux contextes des pays selon leur niveau de couverture et d’exploitation du réseau internet. Il est facile à utiliser car nécessitant peu de saisies de données, les champs de données sont bien organisés. Aussi sa fiabilité est plus accrue. Afin de rendre les résultats de ce travail, et planifier son introduction dans les pays pairs, un atelier régional a été organisé du 13 au 24 avril 2015 à Ouagadougou.

«Atelier régional pour mieux s’approprier Channel II»

L’atelier régional qui s’est tenu à Ouagadougou, a eu pour objectif «de mettre à la disposition de tous les pays d’Afrique du centre et de l’ouest, l’outil que nous avons été chargé d’améliorer. A travers cet atelier nous allons partager avec les participants les résultats des 2 années de travaux d’adaptation de Channel. L’engouement l’intérêt sans faille que nous percevons chez les participants nous laissent présager un vrai succès dans l’utilisation de Channel II» nous a confié, Dr Koudougou, Chef de l’équipe des formateurs.

Bénédicte Bama/Toé, Unité de communication, UNFPA Burkina.

 

 

Dr Koudougou, spécialiste Channel et Formateur