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Promise en mariage depuis qu’elle est toute petite, Amsetou, 16 ans, échappe à un mariage grâce aux informations reçues dans un club d’autonomisation de jeunes filles mis en place par l’UNFPA.

 

Nous sommes en début juin 2021. Amsetou constate la tenue de réunions familiales inhabituelles. Orpheline de père depuis plus d’une année, l’adolescente de 16 ans ignorait qu’elle était le sujet de discussions des rencontres récurrentes en famille. Ce n’est que quelques jours plus tard, qu’elle comprendra ce qui se trame. « Tes oncles veulent te donner en mariage », lui avoua sa mère toute dépitée. La jeune fille est abasourdie, consciente qu’elle est des conséquences du mariage d’enfants. « Marier un enfant alors qu’elle n’a pas encore atteint l’âge de la majorité peut lui causer des maladies puisqu’en se mariant, elle est amenée à enfanter alors que son organisme n’est pas encore prêt », nous raconte-t-elle la voix tremblante.


Séraphine Toé est l'une des animatrices des espaces sûrs de l'UNFPA dans la ville de Nouna

Amsetou avait été promise en mariage par son père dès son plus jeune âge à un homme qu’elle ne connait pas, et vivant dans une autre ville du Burkina Faso. « C’est après le décès de son père que les oncles d’Amsetou ont entrepris de réaliser la promesse que leur défunt frère avait faite », explique Sita, la mère de la jeune fille, elle aussi impuissante face à la décision familiale.

En quête de soutien, la jeune fille s’en ouvrît à des camarades qui, elles, fréquentent un club d’autonomisation des jeunes filles. Ces dernières lui feront savoir que le mariage d’enfant est interdit. Pour faire échouer le projet des parents de l’adolescente, les filles donneront l’alerte à la Direction provinciale de l’Action sociale de la Kossi (NDLR : la Province de la Kossi est l’une des six provinces de la Région de la Boucle du Mouhoun, dans l’Ouest du Burkina Faso). Une médiation est alors entreprise avec les deux familles concernées. Les oncles d’Amsetou décident finalement de surseoir au mariage.

Entre 2017 et 2020, 50 clubs de garçons et de filles ont été mis en place dans toute la province de la Kossi et ont permis de toucher près de 500 jeunes filles et garçons.

 

485 filles sauvées du mariage d’enfant en 2020.

Au Burkina Faso, l’âge médian d’entrée en première union des filles de 20-24 ans est de 17 ans selon l’Institut National de statistiques et de Démographie (INSD – 2015). Parmi les femmes âgées de 20-24 ans, 8.9 % ont été mariées avant l’âge de 15 ans. Plus de la moitié (51.3 %) avant 18 ans qui est l’âge légal du mariage dans le pays. Pour remédier à cette problématique, l’UNFPA et l’UNICEF mettent en œuvre un programme conjoint pour l’élimination du mariage d’enfants dans 07 régions du pays : Boucle du Mouhoun, Centre, Centre-Est, Centre- Nord, Est, Nord et Sahel.

Dans le cadre de ce programme, l’UNFPA intervient principalement dans les régions de la Boucle du Mouhoun, du Centre, du Centre-Est, du Centre-Nord, de l’Est, du Sahel. L’une des principales activités menées est l’appui à la mise en place et au fonctionnement des clubs de garçons et de filles, appelés espaces sûrs. Dans ces clubs, des mentors (femmes et hommes modèles) sont recrutés pour sensibiliser les jeunes sur les conséquences du mariage d’enfant, la pratique de l’excision et les comportements à risque tout en leur apprenant un métier. En 2020, ce sont 485 filles qui ont été sauvées du mariage d’enfant.

Pour réduire les insuffisances inhérentes à l’accès des adolescent(e)s et jeunes à des services de santé sexuelle et de la reproduction, ce sont 44 clubs d’adolescent(e)s déscolarisés/non scolarisés qui ont été mis en place par l’UNFPA en 2020, dans cinq provinces du pays. Au total, 1 000 adolescent-e-s et jeunes ont été enrôlés durant la même année. Pour assurer le fonctionnement de ces clubs, 05 Techniciens d’appui conseil (TAC), 44 mentors et 114 pair-éducateurs ont été recrutés. Les adolescents et jeunes de ces clubs ont bénéficié de 584 causeries par les mentors et pair-éducateurs sur des thématiques variées portant sur la protection de l’environnement, les grossesses en milieu scolaire et la scolarisation des enfants, le mariage d’enfant, la gestion pacifique des conflits, l’entreprenariat vert, le civisme et la citoyenneté, la planification familiale et la santé de la reproduction, l’hygiène et l’assainissement, le VIH-SIDA–IST, la COVID-19 (information/connaissance du virus et prévention) et l’alcoolisme/drogue.

Rédaction et photographie : Jaunasse YARO