Dakar, le 07 Décembre 2020 : Le Bureau régional de l’UNFPA pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre UNFPA-WCARO, a organisé le 02 décembre un Symposium virtuel de haut niveau sur la Démographie, la paix et la sécurité au Sahel sous la présidence du Président de la République du Niger, Mouhamadou Issoufou, représenté par son Directeur de cabinet M. Ouhoumoudou Mahamadou. Le symposium constitue l’aboutissement d’une série d’études sur la relation entre l’évolution démographique et la survenance de conflits armés afin de parvenir à une solution durable à ces conflits.
M. Ouhoumoudou Mahamadou s’est interrogé dans son allocution sur : « comment concilier une forte croissance démographique (avec les impératifs de réduction de pauvreté et d’atteinte des objectifs de développement durable ? … C’est donc à juste raison que certains analystes parlent de bombe démographique, l’heure est à l’action ». Dans ses propos introductifs le Directeur régional, Monsieur Mabingué Ngom a affirmé : « La nécessité de lier la paix et la sécurité à la démographie en particulier dans la recherche de solutions à la fragilité et à l’insécurité dans le Sahel devient un impératif. »
Le symposium a été précédé par des consultations nationales au Burkina Faso (24 Novembre 2020) du Mali (19 Novembre 2020) du Niger (23 Novembre 2020) afin d’échanger avec les Etats sur les principales conclusions et recommandations issues des notes d'orientation et des documents scientifiques sur la Démographie, la Paix et la Sécurité produits avec le concours de l’Institut de recherche sur la paix d'Oslo (PRIO) et Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique (ENSAE) de Dakar. L’objectif est de mettre en évidence les implications pour chaque pays en termes
En effet des études préalables ont été menée depuis le forum de Bamako sur la paix, notamment par l’ENSAE et Dakar ainsi que PRIO démontrant des évidences claires entre la dépendance démographique et le risque sécuritaire, ce qui fait du Sahel une zone sensible à risque. Les productions réalisées sont constituées d’un « livre blanc » sur le Sahel, trois études monographiques sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger, deux rapports d’analyse statistiques sur la relation entre les facteurs démographiques et l’insécurité au Sahel, et un ouvrage de synthèse qui consolide l’ensemble de ces productions scientifiques. L’ensemble des travaux sont disponibles sur ce lien : https://wcaro.unfpa.org/fr/publications
D’ailleurs le Directeur régional de l’UNFPA M. Mabingué Ngom a procédé au lancement de l’ouvrage de synthèse, intitulé : « Démographie, paix et sécurité, pour un Sahel central résilient », le 03 décembre et produit sous sa direction. Dans cet ouvrage, Mabingué Ngom invite ainsi les acteurs de la communauté internationale à « aller au-delà du traitement symptomatique qui est fait de la crise au Sahel pour comprendre les phénomènes complexes qui en sont à l’origine, et trouver les voies et moyens de remédier au mal qui ronge cette partie de l’Afrique et qui ne cesse de s’aggraver. »
« Démographie Paix et Sécurité : Regards croisés pour un Sahel central résilient » cherche à répondre à la brûlante question de savoir si les dynamiques démographiques sont de nature à favoriser le développement, la paix et la sécurité ou, au contraire, susceptibles de les mettre en péril. Dans son préface, S.E. M. Mahamadou Issoufou, Président de la République du Niger affirme : « l’ouvrage traite d’une problématique qui est, à proprement parler, vitale puisqu’elle concerne la démographie sahélienne. » Le postface est de M. Saïdou Oua, Directeur général de l’Autorité du Développement Intégré de la Région du Liptako-Gourma (ALG).
L’ouvrage qui a fait l’objet d’une analyse par un comité scientifique, est également disponible en ligne de l’UNFPA ainsi que l’ensemble des monographies produites. Le Blog ww.dps-unfpa.org lancé le 21 Septembre 2020 à l’occasion de la journée internationale de la paix, offre également une bonne visibilité de l’ensemble des productions.
Le Symposium et les travaux de production de l’ouvrage ont permis de réunir d’éminentes personnalités issues du monde universitaire et d’institutions de recherche ainsi que des représentants d’états membres du G5 Sahel, d’agences des Nations Unies, d’organisations multilatérales et bilatérales, d’organisations de la société civile et de membres de la communauté intergouvernementale, mais aussi de représentants du secteur privé. Ces participants ont ainsi convenu de l’importance de produire des politiques qui permettent de s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité au Sahel en réduisant notamment la dépendance démographique.
A propos du contexte sécuritaire en Afrique de l’Ouest et du Centre :
Depuis près d’une dizaine d’années, la région du Sahel fait l’objet d’une attention particulière en raison de la fragilité des états et de l'aggravation de la situation sécuritaire, qui tendent à compromettre les perspectives de son développement. Affligée par une combinaison de conflits armés, de terrorisme, de conditions climatiques extrêmes et d’instabilité économique, la région est au centre de tous les débats politiques internationaux. Dans le Bassin du Lac Tchad par exemple, entre 2009 et 2019, on a dénombré 2649 actes terroristes perpétrés par le groupe Boko Haram, qui ont occasionné la mort de près de 25 000 personnes. Les pics les plus importants ont été observés entre 2014 et 2015 avec respectivement 540 et 495 attentats.
Le même phénomène est observé dans la zone du Sahel central, et en particulier dans la région du Liptako Gourma, limitrophe du Burkina Faso, du Mali et du Niger, où la crise a entraîné la mort de quelques 4 000 personnes en 2019 et a provoqué d'importants déplacements de populations dans les trois pays touchés. Au 17 avril 2020, 1 299 167 personnes ont été déplacées, dont 1 151 149 déplacés internes, soit 89 % de la population déplacée) et 148 018 réfugiés (11 % de la population déplacée).
Parmi les causes de cette situation d’instabilité et d’insécurité se trouve le facteur démographique qui est de plus en plus mentionné dans la littérature (Jack A. Goldstone, 2002 ; Henrik Urdal, 2007). En effet, cette région connaît un retard considérable dans sa transition démographique qui se traduit par une forte croissance de la population. La part très importante de la population jeune qui en résulte et la pression qu’elle exerce sur les ressources telles que l’éducation et la santé, les taux de chômage élevés parmi cette population et l'urbanisation rapide sont autant d’autres facteurs qui contribuent à maintenir les conflits dans la région.
Dans la région du Liptako-Gourma, en particulier, où ces défis sont les plus importants, plus de 60 % de la population a moins de 15 ans et plus de 8 millions d’enfants de 6 à 14 ans ne sont pas scolarisés, ce qui représente près de 55% des enfants de cette tranche d’âges, alors que les gouvernements sont obligés de consacrer l’essentiel des ressources a la réponde militaire, qui représente près du tiers des budgets des états.
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