Najira Yotossou, élève en classe de terminale à Ouagadougou, a fait de la lutte contre les grossesses non désirées en milieu scolaire, son cheval de bataille. Et sa méthode est simple : raconter son histoire.
Dans une classe de Tle A4 au lycée Bogodogo, l’attention des élèves est soutenue. Ce matin, ils ont en face d’eux, une enseignante inhabituelle. Comme eux, celle qui est au podium est aussi une élève en classe de Tle dans une autre école de la ville. Najira Yotossou est venue leur parler des grossesses non-désirées et les méthodes pour les éviter. Son histoire captive son auditoire, partagée entre tristesse et admiration.
En effet, Najira est une jeune mère. Elle est tombée enceinte hors mariage en classe de seconde. Lorsqu’elle a appris la nouvelle à ses parents, ces derniers l’ont abandonnée et exigé qu’elle se rende dans la famille de son copain. Cette situation a fortement affecté ses performances académiques. « Au début, de ma grossesse, mes notes avaient vraiment chuté. Je composais juste pour ne pas avoir la note zéro », se souvient-elle encore.
Mais Najira s’estime chanceuse d’avoir été bien accueillie par la mère de son copain. Depuis son accouchement, sa future belle-mère est aux petits soins de l’enfant : la lave, l’amène à l’hôpital pour ses soins, etc. Elle laisse ainsi du temps à Najira pour bien préparer le baccalauréat. « Si je n’avais pas le soutien de ma belle-mère, je serais obligé d’abandonner l’école pour m’occuper de mon enfant »
C’est donc pour éviter aux autres filles-élèves, le sort qu’elle a failli subir que Najira prêche à ses camarades, l’intérêt de connaître les méthodes de contraception. Et aux filles, elle donne sans hésitation ce conseil : « s’il refuse de porter le préservatif, rhabille-toi et pars. »
Lionel Sawadogo, élève au Lycée Bogodogo, a apprécié positivement la sensibilisation. « Grâce à cette sensibilisation, j’ai pu assimiler certaines connaissances qui me seront certainement utiles pour ma vie sexuelle et j’en profiterai pour sensibiliser mes camarades. », a-t-il affirmé.
L’action de Najira Yotossou s’inscrit dans le cadre du Projet « Renforcer la capacité des adolescents à exercer leurs droits en matière de santé sexuelle et reproductive au Burkina Faso. ». Financé par le gouvernement du Japon et exécuté par l’UNFPA, le projet de trois ans (2020-2023) a atteint 338695 adolescent-e-s et jeunes par les services de santé sexuelle et reproductive dans les régions du Centre et du Centre-ouest.
Il a été mis en œuvre grâce aux équipes terrain de l’Association burkinabè pour le bien-être familial (ABBEF), de la Fondation KIMI et l’appui technique de l’Organisation Japonaise pour la Coopération Internationale en matière de Planification Familiale (Japanese Organization for International Cooperation in Family Planning).