« Être sage-femme ici, c’est bien plus qu’un métier : c’est un acte de résilience, un engagement quotidien pour les droits et la dignité des femmes. C’est aussi partager leur joie, apaiser leurs inquiétudes et les accompagner avec bienveillance », confie Rasmata, sage-femme volontaire des Nations Unies à Gorom-Gorom, dans la région du Sahel.
Face à la crise humanitaire que connaissent plusieurs régions du Burkina Faso, le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) a mis en œuvre une initiative ambitieuse visant à assurer la continuité des soins et à renforcer l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive. En partenariat avec le Ministère de la Santé et le programme de volontariat des Nations Unies, des sages-femmes et maïeuticiens d’État ont été déployés dans les zones les plus touchées.
Leur présence dans les communautés contribue directement à la réduction de la mortalité maternelle et néonatale. « Mon travail quotidien consiste à offrir des soins prénatals, à accompagner les accouchements, et à prodiguer des conseils postnatals ainsi qu’en planification familiale », explique Joseph, maïeuticien volontaire à Tougan, dans la région de la Boucle du Mouhoun. Les consultations prénatales permettent aux femmes enceintes d’accéder à un suivi médical essentiel, crucial pour la survie de la mère et de l’enfant.
Mais leur rôle va bien au-delà. Au fil des échanges, souvent empreints de confiance, les sages-femmes deviennent également des confidentes et des actrices du changement. « Il n’est pas rare qu’une patiente, entre deux silences, évoque des violences basées sur le genre. Dans ce cas, notre rôle est de l’orienter vers les structures adaptées, tout en respectant la confidentialité », explique Ruth, sage-femme volontaire à Sebba, dans la région du Sahel. « Nous travaillons aussi à prévenir les VBG par des causeries éducatives. Avec les jeunes filles et les couples, nous déconstruisons certains tabous et contribuons à bâtir une société plus équitable », ajoute-t-elle.
« Le déploiement de sages-femmes est l’un des moyens les plus efficaces de prévenir les décès maternels et néonatals, de garantir l’accès à la santé sexuelle et génésique, y compris le planning familial et de répondre aux violences sexuelles et sexistes, qui augmentent en période de crise », a rappelé le ministre de la Santé, Dr Robert Lucien Jean-Claude Kargougou, à l’occasion de la Journée internationale de la sage-femme.
Pour Alain Akpadji, Représentant résident de l’UNFPA au Burkina Faso, cette initiative s’inscrit dans un appui stratégique au gouvernement pour rétablir et renforcer l’accès aux soins dans les zones humanitaires. « L’UNFPA œuvre pour maintenir et renforcer l’offre de services de santé sexuelle et reproductive, tout en intégrant la prise en charge des violences basées sur le genre. Cela contribue à la stabilisation des communautés et favorise le retour des populations déplacées ainsi que la réouverture des centres de santé », souligne-t-il.
L’UNFPA Burkina Faso a bénéficié de l’appui financier du Royaume des Pays-Bas et du Canada pour mettre en œuvre cette initiative.