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Mariam et Roukiatou : Deux générations unies contre les mutilations génitales féminines au Burkina Faso

Mariam et Roukiatou : Deux générations unies contre les mutilations génitales féminines au Burkina Faso

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Mariam et Roukiatou : Deux générations unies contre les mutilations génitales féminines au Burkina Faso

calendar_today 05 Février 2025

Mariam Lamizana et Roukiatou Sedgo, deux générations différentes même combat contre les mutilations génitales féminines
Mariam Lamizana et Roukiatou Sedgo, deux générations différentes même combat contre les mutilations génitales féminines

Des décennies de lutte ont permis d’instaurer un environnement favorable à l’élimination des Mutilations Génitales Féminines au Burkina Faso. Cela grâce à une synergie d’action de différents acteurs : gouvernement, organisations non gouvernementales, activistes, organisations de la société civile,  et partenaires techniques et financiers. L’engagement  des pionnières comme Mariam Lamizana et à l’émergence de nouvelles figures militantes comme Roukiatou Sedggo, ont produit des avancées notables, entraînant ainsi une réduction de la prévalence de l’excision.

La pionnière: Mariam Lamizana

Mariam Lamizana est une pionnière de la lutte contre les Mutilations Génitales Féminines (MGF) au Burkina Faso. Elle a été la première présidente du Comité national de lutte contre la pratique de l’excision, aujourd’hui appelé Conseil national de lutte contre la pratique de l’excision (CNLPE), présidente du Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles ayant un effet sur la santé des femmes (CIAF). Ancienne ministre burkinabè de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, sous sa responsabilité la lutte contre la pratique des mutilations génitales féminines au Burkina Faso s’est structurée, avec la mise en place des programmes et des structures de lutte sur l’ensemble du territoire. 

Mariam Lamizana, remettant un document de plaidoyer à la Représentante du Président de l'Assemblée législative de transition, en décembre 2024, pour un renforcement de la volonté politique contre les MGF
Mariam Lamizana (à droite), remettant un document de plaidoyer à la Représentante du Président de l'Assemblée législative de transition, en décembre 2024, pour un renforcement de la volonté politique contre les MGF

Pour témoigner la reconnaissance de sa combativité, de son engagement depuis des décennies pour la promotion de l’élimination des MGF, l’UNFPA Burkina Faso décerne depuis 2017 un « prix Mariam-Lamizana pour la promotion de l’élimination des MGF », qui récompense les meilleures productions des journalistes et communicateurs en matière de promotion de l’abandon des MGF. 

Admise à la retraite depuis 2011, Mariam Lamizana, reste active avec son ONG « Voix de femmes ». « Nos actions prioritaires sont les campagnes d’informations et de sensibilisation pour que les gens comprennent ce pour quoi on se bat et ce pour quoi ils ne doivent plus pratiquer les MGF », a-t-elle déclaré. Pour Mariam Lamizana, la loi pénalisant la pratique de l’excision au Burkina Faso a beaucoup contribué dans la réduction de la pratique des MGF. « Il y a eu des tribunaux qui se sont déplacés sur le terrain à travers les audiences foraines, qui ont été des opportunités de sensibilisation où victimes, auteurs et acteurs se sont retrouvés pour expliquer à la population les dangers », a-t-elle ajouté. Selon elle, l’atteinte de l’objectif zéro mutilation génitale féminine, exige l’association des plus jeunes dans la lutte. « Il y a nécessité d’établir un dialogue intergénérationnel sur la question de la lutte contre les MGF. Il est impérieux d’associer les jeunes. Il faut qu’ils soient au cœur du processus de l’action sur le terrain et que nous puissions leur passer le relai », a-t-elle précisé. 

Une relève déterminée : Roukiatou Sedgo

Roukiatou Sedgo fait partie de cette nouvelle génération de la lutte contre les MGF au Burkina Faso. Survivante de l’excision, elle apporte également, depuis plusieurs années, sa contribution pour l’élimination de cette pratique en marchant sur les traces de ses « aînées », avec des innovations. Activiste, sur les réseaux sociaux comme sur le terrain, elle contribue à créer un cadre d’expression pour les survivantes des MGF avec sa plateforme digitale, « Vivre avec l’excision ». « Ces femmes, en partageant leurs expériences, contribuent activement à la sensibilisation et à la promotion de l’élimination de l'excision au Burkina Faso ».

Pour Roukiatou aussi, l’implication des jeunes est indispensable pour l’atteinte de l’objectif zéro mutilation génitale au Burkina Faso. « Des actions de sensibilisation avec une forte implication des jeunes sont nécessaires parce que si l’on veut mettre fin à la pratique de l’excision il faut que les jeunes s’engagent. Donc nous impliquons les jeunes et les enfants dans nos sensibilisations ». Même si elle estime que la loi doit, à un certain moment, s'imposer avec fermeté pour dissuader la pratique des MGF . « Aujourd’hui, en plus de la sensibilisation, il faut mettre aux arrêts toute personne qui pratique l’excision ou complice », a-t-elle conclu. 

Les sensibilisations menées depuis des décennies et la pénalisation de la pratique de l’excision ont contribué grandement à la baisse de la pratique des mutilations génitales féminines au Burkina Faso. 

Roukiatou Sedgo, en pleine séance de sensibilisation dans une école
Roukiatou Sedgo, en pleine séance de sensibilisation dans une école

Des progrès  significatifs, mais des défis persistants  

Plus de trois décennies d’efforts conjugués du Gouvernement du Burkina Faso, de ses partenaires et de la société civile, ont permis d’instaurer un environnement favorable à l’élimination des mutilations génitales féminines au Burkina Faso. Ce qui a entraîné une baisse de la prévalence des MGF au Burkina Faso. Selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) IV de 2010 et l’Enquête Multisectorielle Continue (EMC) de 2015, la prévalence de l’excision est passé de 75,8% à 67,6% pour les femmes de 15 à 49 ans et de 13,3% à 11,3% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. 

Cette tendance à la baisse est confirmée par l’Enquête Démographique et de Santé (EDS) V de 2021 publiée en 2023 qui donne une prévalence de 56 % en 2021 pour les femmes de 15 à 49 ans et 9% pour la tranche d’âge des filles de 0 à 14 ans. 

Un combat à poursuivre ensemble

Cependant, la double crise sécuritaire et humanitaire, aggravée par des déplacements de populations, entrave la réalisation des certaines actions de promotion de l’élimination des MGF dans plusieurs localités du Burkina Faso et pourrait occasionner une recrudescence de la pratique de l’excision. 

C’est pourquoi, l’UNFPA Burkina Faso et les autres acteurs de la lutte contre les MGF ont plaidé en décembre 2024 auprès de l’Assemblée Nationale de Transition (ALT) pour un renforcement de la volonté politique afin d’accélérer l’élimination de la pratique de l’excision au Burkina Faso. 

 

Mariam Lamizana, engagée contre les violences basées sur le genre depuis des décennies

Accélérer l'élimination des MGF au Burkina Faso