Hier, dans la salle de conférence du bâtiment des Nations Unies, s'est déroulée une conférence pour lancer les activités commémoratives de la Journée mondiale de la population 2013, célébrée chaque 11juillet. Afin d'amplifier l'appel à prendre des mesures pour autonomiser les adolescentes, cette Journée se concentre sur les grossesses chez les adolescentes. Devant une salle comble, les quatre conférenciers ont présenté chacun leur tour les différentes facettes de cette problématique.
Ni enfant, ni adulte
Georges Guiella, titulaire d'un master en démographie a en premier lieu définit ce qu'est l'adolescence, ce passage où l'on n'est « ni enfant, ni adulte mature ». Partant de l'Etude démographique et de santé de 2010 (EDS 2010), le démographe a démontré lacorrélation entre le faible niveau d'instruction et le taux de fécondité des adolescentes. « C'est très, très élevé », s'est-il alarmé en présentant d'autres données chiffrées, tels que les 49,4% des filles qui, à l'âge de 19 ans, ont déjà eu une naissance vivante. Mettant l'accent sur le rôle de l'éducation pour diminuer le nombre de jeunes filles victimes de grossesses précoces. Selon lui, la prévention va permettre de rompre le cercle vicieux des grossesses non-désirées - pauvreté : « l'école constitue le seul recours pour avoir des résultats en terme de planification familiale ».
La loi et les ados
Madame Ursule Viviane Sanon, juriste chef de service de la protection sociale et juridique de la famille, à, quant à elle, abordé le thème en traitant de l'implication juridique et sociale des grossesses chez les adolescentes. Elle a rappelé l'égalité du père et de la mère vis à vis de l'enfant, « alors que souvent le père renvoie la jeune fille enceinte et sa mère, accusant cette dernière de ne pas avoir su éduquer correctement l'enfant. » D'un point de vue juridique, la jeune fille enceinte n'est pas considérée comme un enfant mais comme un adulte. Elle a cité plusieurs articles de loi parlant des droits des femmes enceintes, tels que l'art. 383 et 387 du Code pénal, l'âge légal pour le mariage, etc. Mais elle a également mis en exergue le droit à l'éducation et l'instruction pour les jeunes filles et jeunes garçons, afin qu'ils prennent conscience des conséquences de l'acte sexuel non protégé.
Macro ou microénomie ?
Quant au volet des implications économiques, le Dr Sébégo Mamadou, de la DGEP l'a présenté grâce à un schéma (cf.illustration) très simple.
Les conséquences sont d'ordre :
- microéconomique via les charges supplémentaires, les investissements perdus et l'épargne des ménages d'une part,
- macroéconomique à cause de l'augmentation de la demande en service social induisant ainsi un effet d'éviction sur les actions d'investissement du gouvernement et de la baisse de qualité du capital humain et donc un différentiel de productivité.
Il a conclut en spécifiant que les grossesses non désirées et les grossesses précoces « sont des sources d'importants risques socio-économiques pour la nation ».
Stratégies de prévention
Finalement, la parole a été donnée à l'attachée de Santé en soins infirmiers/obstétricaux, Mme Augusta Bintou Traoré. Durant sa présentation, elle a décrit les liens entre les adolescents/tes, les jeunes et la planification familiale au Burkina Faso. Elle a abordé sans détour les facteurs favorisants la grossesse chez les adolescentes (mariage précoce, prostitution, pratiques sexuelles sur les sites d'orpaillages, etc.), les conséquences sanitaires et socio-économiques, la prévention des grossesses non désirées et les avantages de l'utilisation des services de santé de la reproduction. Augusta Bintou Traoré a mis l'accent sur les stratégies de prévention notamment grâce à la facilitation de l'accès des filles à l'éducation et à l'emploi, à la valorisation du statut des femmes et des filles dans la société et à l'amélioration de l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive pour les adolescents/tes et les jeunes.
Lorsque le tour des questions est venu, deux listes étaient prévues. Ce ne sont pas moins de 25 mains qui se sont levées, obligeant le modérateur des débats à s'en tenir à une seule liste vu l'heure déjà avancée. Cette preuve de l'intérêt porté sur ces questions a ravi les organisateurs de la conférence qui se réjouissent déjà de la suite des manifestations en vue de cette Journée mondiale de la population. La suite des débats se poursuit également sur les réseaux sociaux, notamment le compte Facebook de l'UNFPA Burkina Faso.