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Le Burkina Faso a commémoré le jeudi 11 juillet 2013 à Ouagadougou, la journée internationale de la population sous le thème des grossesses des adolescentes. Organisée par le Ministère de l'économie et des finances avec l'impulsion du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), cette célébration a connu la présence de cinq membres du gouvernement, démontrant l'importance de cette problématique.

 

Les grossesses des adolescentes constituent de plus en plus un sujet de préoccupation pour les Etats et la communauté internationale. Selon le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA), environ 16 millions de filles âgées de 15 à 19 ans donnent naissance chaque année. Au Burkina Faso, la situation est encore plus préoccupante. Le dernier rapport de l'enquête démographique et de santé (EDS 2010) indique que 13% des adolescentes en milieu urbain et 29 % en milieu rural sont en grossesse ou sont mères pour la première fois à cet âge où la femme n'est pas encore mature. La situation en milieu scolaire surtout est préoccupante. Au cours de l'année scolaire 2010-2011, le district sanitaire de Ouahigouya a enregistré 119 cas de grossesses d'adolescentes dans les écoles, tandis que Gaoua a compté 276 cas pour la même période. Le cas le plus frappant est celui du district sanitaire de Bobo 22, où 27 cas de grossesses d'adolescentes ont été notifiés dans une classe du Cours Moyen 2e année, durant l'année scolaire 2010/2011. Pourtant ces données sont partielles car elles ne présentent que les seuls cas enregistrés dans les formations sanitaires. Ce phénomène entraine de nombreuses conséquences comme les complications durant la grossesse et lors de l'accouchement qui demeurent les principales causes de décès parmi ces adolescentes.

 

Une journée pour sensibiliser l'opinion publique sur le phénomène

Cette situation constitue un malaise social et un problème de santé publique. Afin d'inverser la tendance, le Burkina Faso, à l'instar de la communauté internationale, a commémoré la 25e journée mondiale de la population sous le thème des grossesses des adolescentes. Présidée par Léné SEBGO, ministre de la santé et vice-Président du Conseil National de la Population (CONAPO), la manifestation a été marquée par la présence de quatre autres ministres. La commémoration de cette journée, selon le ministre SEBGO, a pour objet d'attirer l'attention sur l'urgence et les questions de population. Elle répond à un besoin de sensibilisation des populations et des décideurs sur l'ampleur des grossesses des adolescentes. Outre les discours, l'activité principale de la cérémonie a consisté en un sketch sur les grossesses des adolescentes,  présenté par la Troupe de l'Espoir avec le célèbre comédien burkinabè Hyppolite Ouangrawa, dit « M'ba bouanga ». Couplée à diverses autres prestations musicales, la pièce théâtrale a visiblement épaté le grand public dont de nombreux journalistes de la presse nationale.

«Notre rôle est de sensibiliser non seulement le gouvernement, mais aussi les décideurs et les populations », a indiqué le Dr Mamadou Kanté, qui a livré à l'assistance le message du Directeur Exécutif de l'UNFPA. Il a plaidé en faveur d'une meilleure éducation sexuelle des adolescents et la mise en place de services de santé reproductive permettant à ces derniers de mieux protéger leur santé tout au long de leur vie.

 

Les initiatives pour venir à bout des grossesses des adolescentes au Burkina Faso

Afin de réduire les grossesses des adolescentes, l'UNFPA appuie des organisations non gouvernementales, notamment l'Association Burkinabè pour le Bien-Être Familial (ABBEF), le Programme de Marketing et de Communication pour la Promotion de la santé (PROMACO), le Réseau Africain des jeunes pour la Santé et développement (RAJS) et l'Initiative Privée Communautaire (IPC). Ces organisations mènent des activités de prévention des grossesses non désirées chez les adolescentes à travers l'éducation par les pairs, la sensibilisation de masse, la promotion de la communication parents/enfants dans les familles, l'offre de services dans les centres d'écoute pour jeunes et l'appui aux activités génératrices de revenus. Outre ces initiatives, l'UNFPA a organisé, fin juin 2013, un voyage d'étude de la Première Dame du Burkina en Jamaïque« Ce partenariat est la preuve que l'UNFPA est engagé à accompagner le pays dans la lutte contre les grossesses chez les adolescentes » a laissé entendre le Dr Mamadou Kanté.

Le ministre de la santé a souligné les efforts du gouvernement pour résoudre les problèmes liés aux grossesses des adolescentes. Il s'agit entre autres, de la dotation des services de la santé de moyens pour la promotion de la santé sexuelle et reproductive, la création de centres jeunes pour l'éducation sexuelle des jeunes, l'élaboration d'un programme national de santé reproductive des adolescents, la mise en œuvre d'un programme d'éducation en matière de population, l'élaboration d'un plan stratégique de sécurisation des produits de santé de la reproduction, l'adoption de la loi portant sur la santé de la reproduction, l'élaboration d'un plan de relance de la planification familiale, etc.

Il a enfin marqué son optimisme quant à la possibilité de réduire le phénomène au Burkina Faso. « Nous pouvons renverser la tendance si tout le monde s'engage. Les parents, les adolescentes, les jeunes, les éducateurs, les populations, tout le monde est interpellé par rapport à ce phénomène », a-t-il lancé.

 

Emmanuel KANSIE, Unité de Communication - UNFPA Burkina Faso