Elle s’appelle Zénabou, 35 ans et mère de quatre enfants. Sa vie a basculé à la suite d’un accouchement. « Mes problèmes de santé ont commencé il y a six ans. Après un accouchement, j’avais une incontinence urinaire », confie-t-elle.
Sa situation est allée de mal en pis lorsque son mari est décédé. Elle a été priée de retournée dans sa famille. C’est ainsi qu’elle a quitté la famille de son mari pour rejoindre la cour parentale. « Les gens n’acceptaient pas ma compagnie. A peine je m’asseyais que tout le monde se levait, à cause des odeurs », confie-t-elle. Cela l’obligeait à vivre isolée de ses amies, de sa famille et de sa communauté.
Sa vie va connaître un autre tournant décisif, lorsqu’elle a été reçue à l’hôpital Schiphra, l’un des centres de santé partenaires du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) au Burkina Faso, pour la prise en charge des cas de fistule obstétricale. Là bas, elle a reçu des soins appropriés gratuitement. En plus des soins, elle a bénéficié d’une formation en activités génératrices de revenus afin de faciliter sa réinsertion socioéconomique. « Après ma guérison, j’ai reçu aussi une formation professionnelle. J’ai appris le tissage de pagne traditionnel, la teinture de pagnes kokodonda et la production du savon », témoigne Zénabou.
Selon Zénabou, l’appui de l’UNFPA et de ses partenaires a radicalement changé sa situation. « Ma vie a complètement changé. Avant j’étais malade et rejetée, aujourd’hui je suis épanouie. Grâce à ce métier j’ai des revenus mais aussi la considération et le respect de ma communauté. Les gens viennent regarder comment je travaille », affirme-t-elle avec le sourire. Le tissage lui permet de prendre soin d’elle-même et de ses enfants. Elle paie leur scolarité, achète les fournitures grâce à la vente des pagnes qu’elle tisse.
C’est avec fierté, qu’elle transmet, à son tour, le savoir d’autres femmes et jeunes filles de sa communauté. « J’ai quatre filles qui travaillent avec moi. Si elles se mettent au sérieux, elles pourraient elles aussi réussir », a-t-elle déclaré.
La fistule obstétricale provoque des lésions sur le corps des femmes qui bouleversent leur vie. Elle est liée à un travail prolongé, sans assistance adéquate lors de l’accouchement. Les femmes et les filles atteintes de fistule obstétricale sont souvent mises au ban de leur famille, de leurs amis et de leur communauté.
Pourtant, une simple opération chirurgicale rétablit leur santé et leur dignité. C’est pourquoi depuis 2003, l’UNFPA s’est engagé dans une campagne pour l’élimination de cette maladie. Au Burkina Faso, plus de 4 000 femmes et jeunes filles ont bénéficié de la prise en charge grâce à l'appui de l'UNFPA, en étroite collaboration avec le Gouvernement. En 2023, sous le leadership du Ministère de la santé et de l’hygiène publique et avec l’appui de l’UNFPA, une coalition nationale pour l’élimination de la fistule a vu le jour au Burkina Faso avec la Belgique comme Chef de file. L’objectif est d’accélérer l’élimination de cette maladie d’ici 2030.