Considérée comme une maladie de la honte, la fistule obstétricale est la conséquence d’un long et pénible travail, sans assistance adéquate lors de l’accouchement. L'accès à des services de soins de santé maternelle de qualité, y compris la planification familiale, des accoucheuses qualifiées et des soins obstétricaux et néonatals d'urgence permettent de prévenir de telles complications.
Monique a 30 ans. Il y a quelques mois, les services du Centre hospitalier régional de Banfora, dans la région des Cascades au Burkina Faso, lui ont diagnostiqué une fistule obstétricale. Cette maladie lui a ôté toute envie de donner à nouveau la vie. « J’ai décidé de ne plus enfanter. J’ai perdu trois grossesses et les trois autres grossesses ont fait l’objet d’interventions chirurgicales. Je suis fatiguée… », relate-t-elle, toute dépitée.
La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin et la vessie ou le rectum. Elle peut survenir lors d’un accouchement difficile prolongé. Les femmes qui présentent cette affection souffrent d’une incontinence permanente. Elles perdent des urines ou des selles et en ressentent de la honte. Elles sont sujettes au rejet de la société. Non prise en charge, cette pathologie provoque à long terme des problèmes de santé plus compliqués, tels que les infections cutanées, les troubles rénaux, l’infertilité, voire le décès.
Fatchiè, une autre victime de la fistule dans la même région des Cascades, a dû cesser ses activités de fermière, compte tenu de ses pertes incontrôlées d’urine. Cette situation a fini par constituer un handicap insurmontable pour elle. Si certaines malades de la fistule peuvent compter sur le soutien de leurs familles et entourage, ce n’est pas le cas de la majorité d’entre elles. Encore aujourd’hui au Burkina Faso, cette maladie est un tabou au sein de nombreuses communautés, qui l’attribuent à des phénomènes mystiques ou à un châtiment.
Siengui se rappelle. Autrefois paysanne, son calvaire a commencé à l’issue de sa deuxième grossesse. Après une longue journée de travail lors de son accouchement à domicile, la délivrance n’est toujours pas au rendez-vous et son état se dégrade. Elle est admise en urgence dans une formation sanitaire pour une césarienne. Malheureusement, son enfant ne survivra pas. De retour à la maison, elle remarque qu’elle est trempée. Son urine s’écoule, de façon incontrôlée. Se sentant souillée, elle subira quinze longues années d’exclusion. “Faute de moyens pour me rendre à l’hôpital, j'ai vécu quinze ans avec la maladie. Mon mari, pauvre et fatigué par l'âge, n'a pas pu m'assister. J’ai alors été abandonnée à mon propre sort”, relate, les larmes aux yeux, Siengui, aujourd’hui âgée de 55 ans.
Au moment où nous recueillons ces témoignages, Monique, Fatchiè et Siengui reçoivent des soins de chirurgie réparatrice au centre hospitalier de Banfora. Une intervention dont elles bénéficient gratuitement grâce à l’appui de l’UNFPA. « Je suis heureuse. Je vais pouvoir reprendre mes activités. Néanmoins je vais mettre fin aux travaux pénibles et me tourner vers le petit commerce », affirme Fatchiè.
L’Organisation mondiale de la Santé estime à 2 millions, le nombre de femmes vivant avec la fistule en Afrique subsaharienne et en Asie. Au Burkina Faso, en 2019, le nombre de nouveaux cas de fistules était estimé à 900 avec une prévalence de 16 000 cas.
A travers le monde, le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) distribue des fournitures médicales, assure des formations, procure des fonds en faveur de la prévention, des chirurgies réparatrices de la fistule et propose des programmes de réinsertion sociale.
Au Burkina Faso, en partenariat avec le ministère de la Santé, le Bureau pays de UNFPA a formé le personnel de la maternité du Centre hospitalier régional de Banfora. Amélie Zongnaba, sage-femme, est bénéficiaire de cette formation. Elle apprécie ses nouvelles compétences en matière de diagnostic de la fistule, de la préparation psychologique des malades et de leur prise en charge post-opératoire. Après sa participation à cette formation, elle est en mesure d’assurer la prise en charge post-opératoire de Monique, Fatchiè et Siengui.
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Rédaction : Jaunasse Yaro
Photographies : Désiré Ouédraogo