L'UNFPA et quelques ONGs étaient en formation pour deux jours à Ouagadougou, les 6 et 7 juin 2013. Cette formation avait pour but de saisir toute l'ampleur du FBP, le Financement Basé sur la Performance. La présentation était assurée notamment par leDr Soeters, des Pays-Bas, qui a bien voulu répondre à quelques questions.
Dr Soeters, si vous deviez résumer le concept de Financement basé sur la Performance (PBF) en quelques lignes, que diriez-vous ?
« L'idée de base, c'est vraiment de travailler plus pour gagner plus. C'est une approche économique qui peut s'appliquer partout, au système de la santé également. Cela signifie donc que l'argent investi dans un domaine précis sera plus efficace grâce notamment, à une surveillance accrue. Par exemple, si un médecin est payé 10 dollars par patient ausculté, il voudra en ausculter un grand nombre par jour. Par contre, il ne recevra ses 10 dollars que s'il suit des critères particuliers et prédéfinis, donc qu'il assure une bonne qualité de services. Cette approche demande par conséquent des vérifications en termes de quantité, mais aussi de la qualité des services.
On a déjà mis en place le PBF dans d'autres secteurs, par exemple, pour la gestion d'une prison, de communes, etc. Pour l'instant, le PBF est exploité principalement en Afrique et en Asie. D'autres formes de contractualisation similaires au PBF sont aussi présents en Europe vu les difficultés rencontrées sur ce continent à l'heure actuelle. En dehors du simple concept de travailler plus, gagner plus, le PBF est apprécié par exemple par la population car il offre des services de qualité, par les politiciens parce qu'il répond aux demandes de ceux qui les ont élus, etc. »
Mais pourquoi l'appliquer au Burkina Faso ?
« Le gouvernement et leurs partenaires sont conscients que les OMD ne sont pas atteints malgré plusieurs efforts de réforme de la santé depuis des années. La situation a été étudiée, cet état de fait n'est pas causé par un manque d'argent mais plutôt par le manque d'efficience du système. Cette approche propose donc que les centres de santé et les hôpitaux deviennent plus autonomes afin d'utiliser les ressources rares publiques. De plus, le PBF stimule la concurrence entre les structures de santé pour les subsides de l'Etat qui sont payés pour le PMA, le paquet minimum d'activités au niveau des centres de santé, et le PCA, le paquet complémentaire d'activités au niveau hospitalier. La concurrence est également stimulée entre les distributeurs des intrants, comme les médicaments et les équipements, pour vendre aux structures de santé qui utilisent leur argent pour acheter ces intrants. Cela est différent et plus efficient par rapport au système de distribution centralisé des intrants, par le Ministère de Santé par exemple. Ainsi, dans le PBF, ce sont les gestionnaires qui décident quels moyens utiliser et quelles stratégies doivent être appliquées pour rendre à la population des services de qualité. L'application du PBF au Burkina Faso sera facilitée grâce, notamment, à l'habitude que les structures de santé ont de gérer de l'argent. Cela a été démontré avec le fond de roulement des médicaments. Un autre particularisme facilitateur est que, contrairement à d'autres pays, on entend peu parler de corruption, le système est relativement transparent. De plus, ce pays joue un rôle favorable dans la région grâce à sa stabilité et son organisation. Un autre atout est le niveau impressionnant des experts et des organisations privées déjà existantes. Cela aidera à l'intégration de cette approche car elle demande une masse critique de personnes qui comprennent le PBF et peuvent l'appliquer. Le PBF est une réforme profonde de la manière de faire les choses, elle est très différente des procédés habituels. Cela nécessite des changements dans la connaissance, les aptitudes et aussi le comportement des personnes. Cela n'est pas facile quand les acteurs impliqués ne sont pas bien informés et formés. L'apprentissage doit par conséquent se réaliser avec un accompagnement technique très important. Ce qu'il faut retenir, c'est que le problème aujourd'hui au Burkina Faso ne vient pas d'un manque de financement mais d'efficience des inputs. »
Et le rôle du Fonds des Nations Unies pour la Population ?
« La santé de la reproduction et la planification familiale sont des enjeux cruciaux pour l'avenir du pays. Le FNUAP joue un rôle primordial dans ces domaines car actuellement par exemple la demande non atteinte des couples pour des méthodes d'espacement des naissances est d'entre 20 et 30%. Il est urgent d'améliorer la performance du système de santé, et, grâce à l'accord entre le FNUAP, la Banque Mondiale et le Gouvernement, cela pourra être réalisable. Renforcer les stratégies et les compétences des inputs vers la performance est le but du PBF et cela passera par une politique de sanction dans le marché de la santé. »
Pour plus d'informations: site de Sina-health.com
Propos receuillis par Doline Charmillot - unité de communication, UNFPA - Burkina Faso