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Des travaux de recherche menés par Plan International et l’UNFPA avec le Center for Gender and Disaster et l’Institute for Risk and Disaster Reduction de l’University College de Londres se sont intéressés aux filles et adolescentes de 10 à 19 ans qui subissent les conséquences de la crise sécuritaire et humanitaire que traversent aujourd’hui le Burkina Faso et le Mali.

 

(OUAGADOUGOU) : Une génération de filles et d’adolescentes du Sahel est touchée de plein fouet par la violence et l'insécurité qui règnent dans la région, avertissent l'organisation humanitaire Plan International et le Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Selon des travaux de recherche menés par les deux organisations, ces filles et adolescentes sont privées de leurs droits fondamentaux dans cette région qui compte parmi les plus instables et les plus pauvres au monde. Sans accès à l’école et aux services de santé, subissant l’insécurité alimentaire et la perte de leurs moyens de subsistance, les filles et adolescentes sont confrontées aux conséquences les plus dramatiques des conflits et des déplacements massifs de populations dans ces deux pays.

Ces travaux de recherche, menés auprès de plus de 800 filles et adolescentes, ont abouti au rapport intitulé « Les filles dans la crise : Voix du Sahel ». Il fournit des données quantitatives et qualitatives, de nombreux témoignages issus d’entretiens et de focus groups ainsi que des recommandations. Les filles et adolescentes interrogées y décrivent comment leurs vies ont été bouleversées par la violence et l'instabilité et comment les normes sociales et de genre en vigueur au sein de leurs familles et de leurs communautés leur donnent le sentiment d’être impuissantes face à ces défis.

 

« Le mariage nous effraie. Nous avons peur d’être mariées à un homme qui nous battra », une fille d’un groupe de discussion de filles de 15 à 19 ans, à Bomborokuy, au Burkina Faso.
« Souvent, nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons parce que nous ne nous appartenons pas », une fille d’un groupe de discussion de filles de 10 à 14 ans, à Kongoussi, au Burkina Faso.

« Notre marché hebdomadaire est le dimanche. Mais quand il y a des attaques, personne ne vient. Nous devons attendre que la situation s’apaise. Mais entre-temps, comment allons-nous survivre ? », une fille d’un groupe de discussion de filles de 15 à 19 ans à Gourma Rharous, au Mali.

 

Les travaux de recherche ont abouti aux résultats suivants :

  • Les filles et adolescents vivent dans la peur et le retour de la paix est leur priorité. L’insécurité a un impact sur tous les aspects de leur vie : l’éducation, la santé, l’alimentation et l’accès à des revenus.
  • Au Burkina Faso comme au Mali, un tiers des filles interrogées n’ont jamais été scolarisées ou l’ont été pendant seulement une année. De très nombreuses écoles ont subi des attaques de groupes armés ou sont fermées du fait de l’insécurité. L’accès à l’école est également compromis pour les filles dont les parents souhaitent les empêcher de côtoyer des garçons.
  • Le mariage précoce est largement répandu dans les zones de l’étude et touche de nombreux aspects de la vie des filles, notamment leur accès à l’éducation et leur capacité d'action au sein de la société.   
  • Les filles expriment le besoin d’avoir accès aux services de santé sexuelle et reproductive ainsi qu’à des services de soutien psychosocial.
  • Pouvoir mener des activités génératrices de revenus est important pour ces filles : elles souhaitent pouvoir gagner de l’argent pour contribuer aux dépenses de leur famille et faire des projets d’avenir. 

Le nombre de Personnes Déplacées Internes (PDI) a atteint 921 471 au Burkina Faso à la date du 07 juin 2020. Entre 2018 et 2019, le nombre de victimes civiles des attaques armées au Burkina Faso a augmenté de 7 000%. Au Mali, le nombre de PDI atteint désormais 239 000. Dans les deux pays, 3,7 millions de personnes au total sont confrontées à l’insécurité alimentaire.

 

L'accès des filles à l'éducation est gravement compromis. 2 500 écoles au Burkina Faso et 1 100 au Mali sont fermées en raison de l'insécurité (fermetures survenues avant le COVID19). Mais selon ces filles et adolescentes, ce ne sont pas seulement les conflits, la pauvreté et l'insécurité qui ont un impact sur leur fréquentation scolaire, mais aussi une discrimination de genre préexistante à cette crise.

Les filles et les adolescentes sont ainsi particulièrement touchées dans les crises et les situations d'urgence en raison de normes sociales néfastes et d'une double discrimination fondée sur l'âge et le sexe.

Sur la base des témoignages de ces filles et adolescentes du Burkina Faso et du Mali, Plan International et l’UNFPA appellent les gouvernements et la communauté internationale à donner la priorité aux négociations de paix et à aider à mettre fin au conflit.

Les obstacles qui entravent l'accès des filles et adolescentes à l'éducation doivent être reconnus et levés. Les écoles, enseignants et élèves doivent être protégés. Il faut lutter contre la discrimination fondée sur le sexe, en mobilisant les communautés et en engageant les adolescents, garçons et hommes à défendre les droits des filles.

Il faut écouter la voix des filles, donner la priorité à leurs besoins et développer leurs compétences en matière de leadership.

 

Notes à l’intention des journalistes :

  • Le lancement du rapport « Les filles dans la crise : Voix du Sahel » donnera lieu à une table ronde en ligne le 30 juin 2020 à partir de 13h30 TU. Inscrivez-vous en suivant le lien dans le document suivant :

https://drive.google.com/file/d/1zdXFRZZIPlG0up223clxiujyxw2cfd0_/view?usp=sharing

  • Ces travaux de recherche ont été menés avant la survenue de la pandémie de COVID19 au Burkina Faso et au Mali si bien que ses conséquences sur la vie des filles et des adolescentes n’y sont pas abordées. Depuis lors, la pandémie a entraîné un accès encore plus difficile à l’éducation, aux services de santé et aux moyens de subsistance, une plus grande insécurité alimentaire, l'augmentation des violences basées sur le genre et une restriction des déplacements qui compromettent encore plus les droits des filles et des adolescentes.

 

Pour les demandes d’interviews et d’informations, contactez :

 

Elise Cannuel
Plan International Burkina Faso Conseillère Médias, Communication et Relations Publiques

Tél. : 01183358
E-mail :
elise.cannuel@plan-international.org

 

 

Pélagie Nabolé
UNFPA
Spécialiste Médias et Relations Publiques Tél. : 07210847
E-mail :
nabole@unfpa.org

 

A propos de Plan International

Plan International est une organisation humanitaire et de développement qui lutte pour les droits des enfants et l'égalité pour les filles. En collaboration avec les enfants, les jeunes et nos partenaires, nous nous efforçons de créer un monde juste, en nous attaquant aux causes profondes des problèmes auxquels sont confrontés les filles et tous les enfants vulnérables.

 

Nous croyons au pouvoir et au potentiel de chaque enfant mais celui-ci est souvent étouffé par la pauvreté, la violence, l'exclusion et la discrimination, et ce sont les filles qui sont les plus touchées. Nous défendons les droits des enfants depuis leur naissance jusqu'à l'âge adulte et nous aidons les enfants à se préparer et à répondre aux crises et à l'adversité. Nous faisons évoluer les pratiques et les politiques aux niveaux local, national et mondial en utilisant notre capacité d’influence, notre expérience et nos connaissances.

 

Depuis plus de 80 ans, nous mettons en place de partenariats forts en faveur des enfants et sommes aujourd'hui actifs dans plus de 75 pays.

 

A propos du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA)

L’UNFPA est l’agence directrice des Nations Unies en charge des questions de santé sexuelle et reproductive. Notre mission est de créer un monde dans lequel chaque grossesse est désirée et chaque accouchement sans danger. Un monde dans lequel chaque jeune réalise pleinement son potentiel. En 2018, l’UNFPA a engagé de nouvelles actions pour atteindre trois résultats transformationnels, des objectifs portant la promesse d'un changement du monde pour chaque homme, femme ou jeune personne :

  • Mettre fin au besoin non satisfait de planification familiale
  • Mettre un terme à la mortalité maternelle évitable
  • Mettre fin aux violences basées sur le genre et aux pratiques néfastes.

L’UNFPA œuvre à prévenir la violence basée sur le genre et à y répondre par le biais de sa collaboration avec les responsables politiques, les systèmes judiciaires, les systèmes de santé et les partenaires humanitaires. Il travaille également à l’élimination des pratiques préjudiciables, notamment les Mutilations Génitales Féminines (MGF) et le mariage d’enfants, et promeut un monde où chaque jeune fille pourra jouir pleinement de ses droits.