Excisées à très bas âge, Balkissa et Guemilatou ont subi les conséquences de l’excision jusqu’à l’adolescence avant d’être prises en charge grâce à l’assistance de l’ONG Voix de Femmes, partenaire de mise en œuvre de l’UNFPA au Burkina Faso.
Leurs chemins se sont croisés dans les locaux de l’ONG Voix des Femmes à Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Balkissa, une jeune coiffeuse de 21 ans et Guemilatou, étudiante de 25 ans sont des survivantes de l’excision. Toutes les deux ont été victimes de cette pratique traditionnelle néfaste à très bas âge.
C’est à l’âge de 20 ans que Balkissa a commencé à éprouver des difficultés à uriner. Quand elle a expliqué son problème à ses parents, elle s’est faite excisée une seconde fois par une exciseuse traditionnelle, avec la complicité des parents. Cette nouvelle mutilation n’a pas résolu le problème qui, au contraire, a contribué à dégrader la santé de la jeune fille. Un autre rendez-vous a été pris pour une ablation des parties intimes de Balkissa pour la troisième fois, quand une tante infirmière, informée de la situation, a conseillé de faire une consultation dans une formation sanitaire. La jeune fille a été conduite au centre de santé de Garango avant d’être référée au Centre hospitalier universitaire de Tenkodogo dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. Elle sera ensuite orientée vers les services de l’ONG Voix des Femmes à Ouagadougou.
Quant à Guemilatou, son parcours est tout autre. C’est pendant la nuit de noces, un jour d’octobre 2021, que le nouveau couple constatera l’impossibilité de « consommer le mariage », c’est à dire “avoir des rapports sexuels”. Le nouveau marié qui, fort heureusement, avait participé à une séance de sensibilisation sur la réparation des séquelles de l’excision, a vite fait de retrouver le contact de l’animateur de l’ONG voix des femmes et de prendre rendez-vous pour son épouse.
Un sauveur nommé Michel Akotionga
Les deux jeunes dames se retrouvent à l’ONG Voix des Femmes dans la même période. Elles sont d’abord prises en charge par les gestionnaires de cas, chargés de les écouter, de les rassurer avant de les référer chez les sages-femmes. A leur tour, les prestataires de soins vont établir un diagnostic précis des séquelles de l’excision avant de fixer un rendez-vous avec un gynécologue pour la réparation proprement dite. Mais avant cette étape, les deux survivantes sont reçues par un psychologue pour une prise en charge. Les deux vont être confiés par la suite au Pr Michel Akotionga, surnommée le « Père de la réparation des séquelles de l’excision au Burkina Faso ».
« Vu mon parcours, avec les va-et-vient chez l’exciseuse au village et à l’hôpital, je ne pensais pas que le Professeur allait trouver une solution pour moi. Mais depuis l’intervention, je vais très bien et je rends grâce à Dieu » avoue, toute heureuse, Balkissa. De son côté, Guemilatou ne tarit pas d’éloges pour son mari. « J’ai eu la preuve que j’ai fait le meilleur choix pour la vie. N’eut été la compréhension de mon mari et son soutien, mon mariage aurait volé en éclats » dit-elle.
Les deux survivantes ont été prises en charge gratuitement grâce à une convention signée entre l’UNPFA et le ministère en charge de la Santé dans le cadre du Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l'élimination des Mutilations Génitales Féminines.En 2021, ce sont 248 cas de séquelles de l’excision ont été pris en charge par UNFPA.
Guemilatou termine bientôt son cycle d’ingéniorat en Génie civil et mène une vie de couple épanouie. Balkissa ne compte plus retourner au village ; elle espère ouvrir son salon de coiffure très bientôt à Ouagadougou.