Sensible à l’histoire d’amies victimes de mariage d’enfants pendant l’adolescence, Abdoulaye Ouédraogo est un jeune étudiant qui a décidé de briser le silence sur cette violation des droits humains. Il s’engage bénévolement auprès d’associations locales pour contribuer à l’élimination de cette pratique néfaste.
Mettre fin aux mariages d’enfants dans la région du Centre-Nord du Burkina Faso : c’est le rêve poursuivi par Abdoulaye Ouédraogo, étudiant au secteur 3 de la ville Kaya. Ce rêve remonte à ses années de collège où nombre de ses camarades de classes ont vu leur scolarité s’interrompre à cause du mariage précoce. « J’ai étudié dans la même classe qu'une jeune fille qui a été donné en mariage par ses parents, lorsque celle-ci a échoué à l’examen du brevet d’études du premier cycle. Plus tard, au lycée, j’ai également perdu des amies qui, parties en vacances, ne sont souvent pas revenues à l’école pour la même raison. Ce sont ces situations qui ont suscité en moi l’envie d’apporter ma contribution à la lutte contre le mariage d’enfants », explique le jeune homme.
Pour concrétiser son rêve, il n’a pas attendu l’accompagnement d’une organisation quelconque. Abdoulaye exploite ses temps libres pour échanger avec ses camarades sur le phénomène du mariage d’enfants. Les grins de thé lui servent surtout de cadres d’expression. Il a fini par créer un réseau de jeunes partageant la même ambition. L’arme de ces jeunes est leur dynamisme et leur influence auprès de leurs communautés respectives.
Kassoum est l’un des jeunes, recruté par Abdoulaye et acquis à la cause défendue par ce dernier. Etudiant également, Kassoum estime que le mariage d’enfants est une violation des droits des jeunes filles, beaucoup plus touchées par le phénomène. « Une jeune fille qui entre en mariage est censée devenir mère alors qu’elle n’est encore qu’une enfant. Comment un enfant peut-il éduquer un autre enfant », questionne-t-il ?
Tout naturellement, Abdoulaye Ouédraogo et ses camarades ont retenu l’attention des porteurs de l’Initiative « Grâce à Moi ». En cette matinée du 15 octobre 2021, c’est tout heureux qu’ils se mobilisent pour lancer cette nouvelle approche qui entend mettre les hommes aux cœur de la lutte contre le mariage d’enfants. Abdoulaye a exprimé sa joie de faire partie de l’initiative et d’ajouter : « nous aurons l’occasion de nous former et de recevoir des outils de communication pour mieux réussir notre mission. » Avec cet accompagnement, les jeunes comptent désormais faire du porte à porte pour sensibiliser les parents sur les conséquences du mariage précoce, en plus de leurs canaux habituels (Causerie débat, et réseaux sociaux). Leur meneur n’a pas manqué d’inviter ses pairs à se démarquer de toute entreprise de mariage d’enfants et, au besoin, de lancer l’alerte auprès des services techniques compétents.
L’Initiative “Grâce à Moi”,soutenue par le Fonds des Nations Unies pour la Population, est mise en œuvre par l’ONG Tin-Tua. Elle a déjà mis en place et formé 12 réseaux de 300 jeunes garçons pour lutter contre le mariage d'enfants dans quatre régions du Burkina Faso : Centre-Est, Centre-Nord, Est et Sahel.
Rédaction et photographie: Jaunasse Yaro