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Le Burkina Faso a célébré en différé, le vendredi 30 novembre 2012 à Ouagadougou,  la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Organisée sous l'égide du ministère de la promotion de la femme et le parrainage de Madame Chantal Compaoré, première Dame du Faso, cette journée a été marquée par le plaidoyer des acteurs pour une implication effective des leaders coutumiers et religieux dans la lutte contre les violences à l'égard des filles et des femmes.

Coups et  blessures, mariages forcés et précoces, mutilations génitales féminines, fémicide en contexte conjugal, viol, harcèlement sexuel, séquestration, lévirat... les violences faites aux femmes sont légions au Burkina Faso. Selon le ministre de la promotion de la femme, Dr Nestorine Sangaré, bien qu'il manque de données statistiques pour illustrer l'ampleur, le phénomène est bien réel - outre l'excision dont la moyenne nationale est de 49,85 %. Son existence s'expliquerait par les pesanteurs socioculturelles enracinées dans les systèmes sociaux fondés sur le patriarcat, les croyances et les pratiques coutumières et religieuses. C'est pourquoi, à l'occasion de cette célébration tenue le vendredi 30 novembre 2012, les acteurs ont décidé d'associer les chefs religieux et coutumiers au combat. Le thème visait à « attirer l'attention des leaders coutumiers et religieux sur le rôle prépondérant qu'ils doivent jouer dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans le pays » a souligné dans son allocution le Représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population, le Dr Mamadou Kanté, chef de file du Cadre de concertation des partenaires techniques et financiers. La marraine de la manifestation, Madame Chantal Compaoré, a bien résumé leur rôle : « L'appel que je lance aux chefs religieux et coutumiers, c'est nous aider à faire passer le message dans les foyers. Cela est important car ils sont les références en ce qui concerne nos traditions et leur implication dans le processus est essentielle. »

La  violence faite aux femmes : un phénomène à la peau dure au Burkina Faso

Selon une étude commanditée en 2006 par le Secrétaire Général des Nations Unies et intitulée « Mettre fin à la violence à l'égard des femmes », entre 40 et 70 % des femmes assassinées en Europe, en Afrique et en Amérique le sont par leurs conjoints. Au Burkina Faso, ces violences existent dans tous les milieux : en milieu rural et urbain, dans la sphère publique et privée. Elles s'observeraient dans toutes les classes sociales sans distinction d'âge et de niveau d'étude. Dans son intervention le Ministre de la promotion de la femme, Mme Nestorine Sangaré, a dépeint le tableau sombre des violences physiques, sexuelles, psychologiques, économiques et sociales dont sont victimes des milliers de filles et de femmes au Burkina. Selon elle, et contrairement aux idées reçues, les pesanteurs socioculturelles ne sont pas les seuls facteurs

 

explicatifs de la persistance du phénomène. Il existerait plusieurs causes comme, par exemple, l'acculturation, la perte de valeurs sociales positives, le déficit dans l'éducation sociale, le refus d'appliquer les règles et les normes coutumières et religieuses qui organisent la vie collective et les rapports entre les hommes et les femmes dans la société, etc.

Selon une enquête de base pour la Prospective Burkina 2025, 70% des répondants ne perçoivent pas le mariage précoce et forcé, le viol, les coups et blessures, l'excision, le harcèlement sexuel comme étant des violences faites aux femmes. Ces perceptions divergentes rendent difficile la lutte, d'où l'urgence de mener des actions de sensibilisation et de mieux assurer la prise en charge des victimes.

Dans ce même élan, les partenaires techniques et financiers se sont engagés à poursuivre leur appui aux efforts du gouvernement afin d'assurer aux femmes une vie meilleure, a assuré leur chef de file Dr Mamadou Kanté.

 

Emmanuel KANSIE, unité de communication UNFPA - Burkina Faso