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Il est 11h au pôle de croissance de Bâgré, situé à 50 km de Tenkodogo à l’est du Burkina. Le ciel dégagé rehausse la beauté de ces plaines bien vertes et des rizières boueuses qui s’étendent à perte de vue. Les melons mimosa fraichement ramassés et entassés luisent au soleil, les lourds régimes de banane promettent le meilleur.

Dans un des parcelles de riziculture deux jeunes filles, Wend-Fangda, 16 ans et Wend-nékonta, 19 ans, les pieds enfoncés dans la boue, les visages perlés de sueur repiquent avec entrain du riz. Je les approche et leur demande d’après Marcelline, cette jeune fille qui de justesse a été sauvée du mariage du précoce. Elles nous indiquent donc la parcelle où trouver Marceline et nous y allions. Courbée sur sa marre de boue, Marceline repique elle aussi de petits plants de riz. Interpellée, elle se redresse. Sa frêle physionomie, son visage encore enfantin trahit sa jeunesse. Comment on peut penser donner une si petite fille en mariage, pensions nous intérieurement. Très vite, Marceline sort de son périmètre, se rince les pieds et les mains et nous rejoint accompagné de deus ses amies toutes aussi jeunes. A l’ombre d’un arbre Marcelline s’ouvre à nous : «l’année passée, mes parents m’ont dit que j’allais me marier parce que pour eux je suis têtue et ils ne veulent pas me voir enceinte chez eux. Le monsieur à qui il voulait me marier, je ne le connais pas et ne veut même pas le connaitre. Moi ce que je veux, c’est rester à l’école continuer pour avoir le BAC et être Sage-femme. Je suis encore trop petite pour me marier, je ne m’imagine pas encore m’occuper d’enfants et d’une famille. Mes parents eux veulent que je parte juste parce qu’il trouve que je suis têtue parce j’aime être avec mes copines et parfois tard dans la soirée. Mais ma mère m’a amené dans son groupement pour suivre une formation sur comment éviter les grossesses précoces.

 

Là-bas aussi on m’a expliqué tous les problèmes que je peux avoir si je suis enceinte dès maintenant. Alors j’ai compris et j’ai promis à maman de faire très attention à moi. J’ai compris tout ce que je peux perdre et j’ai promis de ne plus être aussi têtue. C’est d’ailleurs pour prouver ma bonne foi que je travaille dans cette rizière pendant mes vacances. Je passe ici toute la journée. Avec l’argent que j’aurai je vais préparer ma rentrée scolaire. Je sais que je peux m’en sortir à l’école. Cette année j’ai eu 11/20 comme moyenne en classe mais l’an prochain je compte faire mieux».