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La presse nationale fait régulièrement échos de ces nombreuses élèves qui chaque année voient leur cursus perturbé du fait des grossesses précoces.  C’est une situation d’autant plus déplorable que ces filles victimes sont obligées de quitter très tôt leur enfance et adolescence pour porter la tunique de mère de famille. Mouniratou Bagagnan, une élève de 15 ans à Ouagadougou ne dira pas le contraire.

Dans la cour familiale, en cet après - midi du mois d’avril, Mouniratou ne va pas à l’école. Ce n’est pour autant pas pour elle une aubaine de relire ses cours ou de se reposer. Au contraire, elle fait beaucoup d’efforts pour calmer sa fille Leylatou qui pleure sans cesse à cause de la chaleur : 

« Leylatou n’est pas venue à la bonne période », dit-elle, avec un léger sourire ; « elle serait venue une période fraîcheur, elle ne se plaindrait pas. Elle est née à l’entame de la période de chaleur, alors qu’elle assume »,

ironise Mouniratou, à propos de sa fille. Ces propos, reflètent à la fois tout le contraste de l’amour maternel de Mouniratou pour sa fille et en même temps toute la peine qu’il y a autour de cette naissance.

Mouniratou est la 3e d’une fratrie de cinq enfants. Elle a aujourd’hui quinze ans et, comme la plupart de ses congénères elle a mené une enfance dans l’insouciance et avec plein de rêves de gamine. A Azopé, une ville de Côte d’Ivoire où elle a vécu avec ses parents jusqu’à l’âge de 13 ans, elle a passé son temps entre sa maison et son école. A ses heures libres, elle s’adonnait à son jeu favori avec ses copines : la passe. C’est un jeu où elles et ses copines fabriquaient des ballons avec des sachets plastiques et se les balançaient l’une à l’autre, se souvient-elle. Par moments, elles et ses copines simulaient les rôles de mère d’enfant avec des poupées. Ses parents qui ont quitté le Burkina Faso depuis bien longtemps, ont décidé en 2014, après que leur fille a obtenu son premier diplôme scolaire de l’envoyer auprès sa grand-mère, Faty Kéré. Pour elle, l’occasion est belle de se consoler de l’éloignement de son fils à travers sa petite fille. Et pour bien faire, Faty Kéré, la grand-mère décide de ne pas inscrire sa petite fille loin de la cour familiale. A Casmos II, un collège situé à 500 m de la maison, Mouniratou fait ses premiers pas au secondaire.

C’est là aussi qu’elle va croiser Faouzou Sankara, son copain qui étudie dans un autre établissement pas loin de son collège : Faouzou était passé rendre visite à ses camarades de quartier qui fréquentent le même établissement que Mouniratou. De cette rencontre, Faouzou et Mouniratou vont commencer à se fréquenter et trois mois plus tard, en mai 2015, cette dernière tombera enceinte. Ce n’est que cinq mois plus tard qu’elle se rendra compte de sa situation, et ce par le concours d’un agent de santé auprès de laquelle elle a été consultée, accompagnée de sa grande mère. La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le cercle familial de Mouniratou : la tension artérielle de la grand-mère atteint un niveau record, 21° ; les oncles tombent dans une colère inouïe et les parents en Côte d’Ivoire coupent tout contact avec leur fille. L’auteur de la grossesse, quant à lui recommande à Mouniratou un avortement qu’elle refuse ; ce qui a le don d’amener ce dernier a renié la paternité devant les oncles de Mouniratou chez lesquels elle vit avec sa grand-mère.

L’association d’appui et d’éveil Pugsada (ADEP), soutenue par l’UNFPA va se saisir de son cas et l’assister sur le plan social et par moments matériellement et financièrement pour qu’elle puisse gérer ces moments difficiles et suivre au mieux sa grossesse.

Malgré sa frêle corpulence, Mouniratou ne connaîtra pas de difficultés à l’accouchement en janvier 2016 au centre médical avec antenne chirurgicale du secteur 30. Une semaine plus tard, et toujours avec l’assistance de l’association, Mouniratou reprend le chemin de l’école. Pour Mme Siemdé, Assistante sociale de l’association, Mouniratou a fait preuve d’un courage inouï, couplé d’une réelle volonté de faire face aux conséquences de son nouveau statut de mère : « nous avons convaincu sa grand-mêre de toute l’aide qu’elle peut apporter à sa petite fille car rien n’est perdu pour elle. Elle a compris et a décidé de garder le bébé quand Mouniratou ira à l’école ». En outre, elle a décidé de lui remettre son vélo pour lui faciliter les déplacements ». Mouniratou rentre ainsi chaque jour pendant la récréation pour allaiter sa fille. « J’ai donné le nom Leylatou à ma fille parce que je suis une religieuse croyante et aussi parce que je crois en l’avenir. Cette épreuve m’a rendu encore plus forte pour me battre pour une vie meilleure dans le futur. Je voudrai être architecte », conclut-elle nos échanges. Pour l’heure, elle n’est pas avare en remerciements à l’endroit de l’UNFPA qui soutient l’association ainsi que de tous ceux qui la soutiennent en ces temps difficiles.

Clément BIHOUN

Le programme « santé de la reproduction des adolescents et des jeunes de l’UNFPA »

La santé de la reproduction des adolescents et des jeunes tient une place de choix dans les programmes de l’UNFPA. Ce vaste programme travaille à ce que la question de la santé de ce groupe cible ne soit plus un tabou et que ce dernier dispose de toutes les informations utiles pour pouvoir faire des choix de vie appropriés. A cet effet le programme de l’UNFPA travaille en collaboration avec les structures habilitées de l’Etat et des organisations de la société civile à travers des programmes de communication/information et à travers le renforcement des capacités matérielles, financières, logistiques et humaines. Ce sont notamment l’appui à la mise en place et au fonctionnement des centres jeunes, l’équipement des organisations et la dotation en produits contraceptifs des centres jeunes ou des centres de santé. Enfin, la communication/Information et counseling tient une place de choix dans ce programme de l’UNFPA.